Anatole France

in L’Artiste, 1870


Sonnet


 
Elle a des yeux d’acier ; ses cheveux noirs et lourds
Ont le lustre azuré des plumes d’hirondelle ;
Blanche à force de nuit amassée autour d’elle,
Elle erre sur les monts et dans les carrefours.
 
Et nocturne, elle emporte à travers les cieux sourds,
Dans le champ sépulcral où fleurit l’asphodèle,
La pâle jeune fille idéale, et fidèle
À quelque rêve altier d’impossibles amours.
 
Vierge, elle aime le sang des vierges ; et, farouche,
Elle entr’ouvre la fleur funèbre de sa bouche
Et d’un sourire froid éclaire ses pâleurs,
 
Lorsque, prête à subir une peine inconnue,
La victime aux cheveux de miel chargés de fleurs,
Mourante et les yeux blancs, offre sa gorge nue.
 

Commentaire (s)
Déposé par Cochonfucius le 25 janvier 2018 à 11h59

Ornithogriffe
----------

Ses griffes sont d’acier. Il marche d’un pas lourd ;
Il ne s’envole pas comme les hirondelles,
Ça ne lui plairait pas, d’ailleurs, il n’a pas d’ailes ;
Il erre au boulevard et dans les carrefours.

Il ne voit pas trop mal, il est loin d’être sourd,
Il reconnaît de loin l’odeur de l’asphodèle ;
À sa simple routine il se montre fidèle,
Car il ne rêve plus d’impossibles amours.

Il se lie volontiers, il n’est pas bien farouche,
Et presque au grand jamais ne fait la fine bouche ;
De l’aube printanière il aime la pâleur.

Il aime découvrir une ville inconnue ;
Mais bien aussi la friche aux étonnantes fleurs,
Ou le grand vent d’hiver frôlant la terre nue.

[Lien vers ce commentaire]

Déposé par Cochonfucius le 21 février 2020 à 11h54

Oiseau sans prétention
----------

Sa pitance est légère, il ne pèse pas lourd,
On ne le voit jamais draguer les hirondelles ;
Il peut en abriter, cependant, sous son aile,
Douceur sans lendemains, platoniques amours.

Il survole une route aux amples carrefours
Qui longe des jardins aux ombreuses tonnelles,
Dont certains qu’il fréquente en visiteur fidèle ;
Des dames, le dimanche, y montrent leurs atours.

Nul de le rencontrer jamais ne s’effarouche ;
Volatile banal, et qui n’a rien de louche,
On ne peut l’appeler un oiseau de malheur.

Dernier représentant d’une espèce inconnue,
Il médite souvent parmi de blanches fleurs,
Son coeur est innocent, son âme est presque nue.

[Lien vers ce commentaire]

Déposé par Cochonfucius le 15 septembre 2020 à 13h40

Oiseau prudent
--------

Cet oiseau n’aime point voler quand il fait lourd,
Surtout pas près du sol, comme fait l’hirondelle ;
Blotti dans le feuillage, il repose ses ailes,
Près de sa soeur Fourmi qui sur l’écorce court.

Il craint les jours d’été, cette chaleur de four,
Même si ces jours-là font la lumière belle ;
Il devient de l’ombrage un résident fidèle,
Où le firent trembler ses premières amours.

Or, tous les autres jours, il devient moins farouche,
Parlant aux papillons et même à quelques mouches,
Et faisant admirer ses joueuses couleurs.

De la fraîcheur d’automne il attend la venue,
De ce temps de vendange et de tardives fleurs ;
Jours oùjadis l’aimait une belle inconnue.

[Lien vers ce commentaire]

Déposé par Cochonfucius le 15 septembre 2020 à 13h43

Oiseau prudent  (retouche)
--------

Cet oiseau n’aime point voler quand il fait lourd,
Surtout pas près du sol, comme fait l’hirondelle ;
Blotti dans le feuillage, il repose ses ailes,
Près de sa soeur Fourmi qui sur l’écorce court.

Il craint les jours d’été, cette chaleur de four,
Même si ces jours-là font la lumière belle ;
Il devient de l’ombrage un résident fidèle,
Où le firent trembler ses premières amours.

Or, tous les autres jours, il devient moins farouche,
Parlant aux papillons et même à quelques mouches,
Et faisant admirer ses joueuses couleurs.

De la fraîcheur d’automne il attend la venue,
De ce temps de vendange et de tardives fleurs ;
Jours où jadis l’aimait une belle inconnue.

[Lien vers ce commentaire]

Déposé par Cochonfucius le 20 mars 2022 à 13h56

Oiseau dévastateur
------------

S’il passe par chez toi, les dégâts seront lourds,
Il brisera le mur où sont les hirondelles ;
Elles tremblent au son de ses battements d’ailes,
Un pareil prédateur est pire qu’un vautour.

Elles implorent Dieu, qui souvent fait le sourd,
Car il veut, de la sorte, éprouver ses fidèles ;
L’oiseau cent fois maudit frappe une citadelle
Dont je vois s’écrouler la muraille et la tour.

Qui nous délivrera de ce monstre farouche ?
Quel habile tireur dans ce corps fera mouche ?
Peut-être faudrait-il qu’il fût un oiseleur.

De vaincre, cependant, l’espérance est ténue,
Même en mettant à prix la peau du harceleur ;
De ce long cauchemar la fin reste inconnue.

[Lien vers ce commentaire]

Déposé par Cochonfucius le 11 janvier 2023 à 20h45

Volatile
------

Pour bien planer, je suis trop lourd,
Je ne suis pas une hirondelle ;
Faibles sont mes battements d’ailes,
Je suis moins adroit qu’un vautour.

Monotones sont mes amours,
De quoi me sert d’être fidèle ?
Dans mon coeur, sombre citadelle,
Se délabrent les vieillles tours.

Traqué par les démons farouches,
Je dors bien mal quand je me couche ;
Bientôt me prendra l’oiseleur.

S’éteindra ma flamme ténue,
Finiront mes mille douleurs ;
La mort est presque bienvenue.

[Lien vers ce commentaire]

Déposé par Cochonfucius le 12 janvier 2023 à 11h44

... est bienvenue,

  ou pas.

[Lien vers ce commentaire]

Votre commentaire :
Nom : *
eMail : * *
Site Web :
Commentaire * :
pèRE des miséRablEs : *
* Information requise.   * Cette adresse ne sera pas publiée.
 


Mon florilège

(Tоuriste)

(Les textes et les auteurs que vous aurez notés apparaîtront dans cette zone.)

Compte lecteur

Se connecter

Créer un compte

Agora

Évаluations récеntes
☆ ☆ ☆ ☆ ☆

Rоnsаrd : Dе l’Élесtiоn dе sоn Sépulсrе

Βаudеlаirе : Lеs Ρlаintеs d’un Ιсаrе

Βаnvillе : À Αdоlphе Gаïffе

Du Ρеrrоn : «Αu bоrd tristеmеnt dоuх dеs еаuх...»

Βlаisе Сеndrаrs

Rоnsаrd : Dе l’Élесtiоn dе sоn Sépulсrе

Νuуsеmеnt : «Lе vаutоur аffаmé qui du viеil Ρrоméthéе...»

Lа Сеppèdе : «Сеpеndаnt lе sоlеil fоurnissаnt sа јоurnéе...»

Τоulеt : «Dаns lе silеnсiеuх аutоmnе...»

Μussеt : À Αlf. Τ. : «Qu’il еst dоuх d’êtrе аu mоndе, еt quеl biеn quе lа viе !...»

Vеrlаinе : «Lа mеr еst plus bеllе...»

Jасоb : Lе Dépаrt

☆ ☆ ☆ ☆

Lаfоrguе : Lе Sаnglоt univеrsеl

Сrоs : Ρituitе

Jаmmеs : Lа sаllе à mаngеr

Régniеr : Lа Lunе јаunе

Rоdеnbасh : «Αllеluiа ! Сlосhеs dе Ρâquеs !...»

Lаfоrguе : Соmplаintе d’un аutrе dimаnсhе

Vеrlаinе : Lе Dеrniеr Dizаin

Cоmmеntaires récеnts

De Сосhоnfuсius sur L’Αbrеuvоir (Αutrаn)

De Сосhоnfuсius sur Lе Grаnd Αrbrе (Μérаt)

De Сосhоnfuсius sur «Jе vоudrаis êtrе аinsi соmmе un Ρеnthéе...» (Gоdаrd)

De Dаmе dе flаmmе sur Vеrlаinе

De Сurаrе- sur Sur l’Hélènе dе Gustаvе Μоrеаu (Lаfоrguе)

De Dаmе dе flаmmе sur Οisеаuх dе pаssаgе (Riсhеpin)

De Сurаrе- sur «Ιl n’еst riеn dе si bеаu соmmе Саlistе еst bеllе...» (Μаlhеrbе)

De Xi’аn sur Lе Gigоt (Ρоnсhоn)

De Jаdis sur «Lе Sоlеil l’аutrе јоur sе mit еntrе nоus dеuх...» (Rоnsаrd)

De Jаdis sur «Qu’еst-се dе vоtrе viе ? unе bоutеillе mоllе...» (Сhаssignеt)

De Dаmе dе flаmmе sur À sоn lесtеur : «Lе vоilà сеt аutеur qui sаit pinсеr еt rirе...» (Dubоs)

De Yеаts sur Ρаul-Jеаn Τоulеt

De Ιо Kаnааn sur «Μаîtrеssе, quаnd је pеnsе аuх trаvеrsеs d’Αmоur...» (Rоnsаrd)

De Rоzès sur Μédесins (Siсаud)

De Dаmе dе flаmmе sur «Hélаs ! vоiсi lе јоur quе mоn mаîtrе оn еntеrrе...» (Rоnsаrd)

De Jаdis sur «J’аdоrе lа bаnliеuе аvес sеs сhаmps еn friсhе...» (Соppéе)

De Rоzès sur Lе Сhеmin dе sаblе (Siсаud)

De Sеzоr sur «Jе vоudrаis biеn êtrе vеnt quеlquеfоis...» (Durаnt dе lа Βеrgеriе)

De KUΝG Lоuisе sur Villе dе Frаnсе (Régniеr)

De Xi’аn sur Jеhаn Riсtus

De Xi’аn sur «Épоuvаntаblе Νuit, qui tеs сhеvеuх nоirсis...» (Dеspоrtеs)

Plus de commentaires...

Flux RSS...

Ce site

Présеntаtion

Acсuеil

À prоpos

Cоntact

Signaler une errеur

Un pеtit mоt ?

Sоutien

Fаirе un dоn

Librairiе pоétique en lignе