Heredia

Les Trophées, 1893


Némée


 
Depuis que le Dompteur entra dans la forêt
En suivant sur le sol la formidable empreinte,
Seul, un rugissement a trahi leur étreinte.
Tout s’est tu. Le soleil s’abîme et disparaît.
 
À travers le hallier, la ronce et le guéret,
Le pâtre épouvanté qui s’enfuit vers Tirynthe
Se tourne, et voit d’un œil élargi par la crainte
Surgir au bord des bois le grand fauve en arrêt.
 
Il s’écrie. Il a vu la terreur de Némée
Qui sur le ciel sanglant ouvre sa gueule armée,
Et la crinière éparse et les sinistres crocs ;
 
Car l’ombre grandissante avec le crépuscule
Fait, sous l’horrible peau qui flotte autour d’Hercule,
Mêlant l’homme à la bête, un monstrueux héros.
 

Commentaire (s)
Déposé par Cochonfucius le 28 mai 2014 à 11h32

Ravitailleurs
-------------

Perdre, exprès, son chemin dans la vaste forêt :
Un plaisir de poète. Au hasard des empreintes,
Du gazon aplati (est-ce par une étreinte ?)
Des sous-bois où parfois le sentier disparaît.

J’entends autour de moi les chanteurs des guérets,
Les passereaux du jour, dont la joie n’est pas feinte ;
Nul chat errant ne vient leur inspirer des craintes,
Nul chasseur du dimanche avec son chien d’arrêt.

J’écris dans ton ombrage, ô forêt bien-aimée,
Où je vois défiler la pacifique armée
Des insectes glaneurs, de ces petits héros !

Car il leur faut chercher, de l’aube au crépuscule,
Des grains qu’ils porteront, ainsi que des Hercules,
À leurs enfants disant « Encore ! On a les crocs. »

[Lien vers ce commentaire]

Déposé par Cochonfucius le 14 janvier 2018 à 11h54

Homme-salamandre
--------------------

Il allume son bois, tiré de la forêt  ;
D’abord sur chaque bûche, il appose une empreinte,
Puis serre les fagots d’une vaillante étreinte,
Enfin, son corps entier dans le feu disparaît.

La branche, en regrettant les bois et les guérets,
Abreuve le brasier de ses larmes non feintes ;
Mais l’homme-salamandre y demeure sans crainte,
Bien que parfois, son coeur observe un temps d’arrêt.

Il aime ta douceur, ô flamme bien-aimée
Qui apaise les maux de sa chair désarmée ;
C’est un monstre vaillant, ce n’est pas un héros.

Car il lui faut brûler, de l’aube au crépuscule,
Comme sur son bûcher le malheureux Hercule,
Pour ne plus voir la mort qui dévoile ses crocs.

[Lien vers ce commentaire]

Déposé par Cochonfucius le 13 décembre 2020 à 14h04

Monstre de gueules
---------------------

C’est un monstre effrayant, ravageur de forêts,
Plus d’un chasseur tremblait en trouvant ses empreintes ;
Nulle monstresse n’a recherché son étreinte,
Si c’était advenu, la rumeur le saurait.

Quand sur son territoire un gibier s’égarait,
Il se trouvait saisi d’une terreur non feinte ;
Cerbère pourtant put s’en approcher sans crainte,
Ils restèrent tous deux face à face, en arrêt.

Artémis autrefois, qui de lui fut aimée,
Craignit un bref instant d’en être désarmée,
Héraclès la sauva, l’universel héros.

Aujourd’hui, semble-t-il, moins de monstres circulent,
On ne rencontre plus le valeureux Hercule
Qui, nous dit un récit, fut son propre bourreau.

[Lien vers ce commentaire]

Déposé par Cochonfucius le 3 octobre 2021 à 12h44

Fauve d’argent
----------

Je suis le tigre blanc, le Maître des forêts,
Il est déconseillé de suivre mes empreintes ;
Les dryades souvent savourent mon étreinte
Et la préfèrent même à celle du goret.

Mais je ne la vois plus, celle qui m’adorait,
Avec qui au comptoir je vidais une pinte ;
De ses soeurs éplorées je partage les craintes,
J’ai rêvé l’autre nuit que sa voix m’implorait.

Le Destin nous ravit les personnes aimées ;
En de pareils moments notre âme est désarmée,
Rien ne sert, en tel cas, de se croire un héros.

Une amante s’absente et le monde bascule ;
Le deuil nous désempare et nous désarticule,
Les simples matelots comme les amiraux.

[Lien vers ce commentaire]

Votre commentaire :
Nom : *
eMail : * *
Site Web :
Commentaire * :
pèRE des miséRablEs : *
* Information requise.   * Cette adresse ne sera pas publiée.
 


Mon florilège

(Tоuriste)

(Les textes et les auteurs que vous aurez notés apparaîtront dans cette zone.)

Compte lecteur

Se connecter

Créer un compte

Agora

Évаluations récеntes
☆ ☆ ☆ ☆ ☆

Τhаlу : L’Îlе lоintаinе

Τristаn L’Hеrmitе : Épitаphе d’un pеtit сhiеn

Lаmаrtinе : Lеs Étоilеs

Μаllаrmé : «Ρаrсе quе dе lа viаndе...»

Соrbièrе : À lа mémоirе dе Zulmа

Νаvаrrе : «Μоn sеul Sаuvеur, quе vоus pоurrаis-је dirе...»

Ρаul Νаpоléоn Rоinаrd

Vоltаirе : «Si vоus vоulеz quе ј’аimе еnсоrе...»

Τоulеt : Sоuffrаnсе

Glаtignу : Βаllаdе dеs Εnfаnts sаns sоuсi

☆ ☆ ☆ ☆

Glаtignу : Ρаrtiе dе саmpаgnе

Μаllаrmé : «Ρаrсе quе dе lа viаndе...»

Hеrvillу : À lа Lоusiаnе

Vеrlаinе : Βаllаdе еn l’hоnnеur dе Lоuisе Μiсhеl

Jаmmеs : Jе pаrlе dе Diеu

Vеrlаinе : L’Αubеrgе

Соppéе : «Lе Grаnd-Μоntrоugе еst lоin, еt lе dur сhаrrеtiеr...»

Rimbаud : «L’еnfаnt qui rаmаssа lеs bаllеs...»

Ρrivаt d’Αnglеmоnt : «Соmbiеn durеrоnt nоs аmоurs ?...»

Cоmmеntaires récеnts

De Сосhоnfuсius sur «Sur mеs vingt аns, pur d’оffеnsе еt dе viсе...» (Rоnsаrd)

De Jаdis sur Τаblеаu rurаl (Соppéе)

De Сосhоnfuсius sur «J’аimе lе vеrt lаuriеr, dоnt l’hivеr ni lа glасе...» (Jоdеllе)

De Gеоrgеs sur À lа mémоirе dе Zulmа (Соrbièrе)

De Сосhоnfuсius sur «Lе viеil prоvеrbе dit quе du mоinе еt du prêtrе...» (Sаblе)

De Guillеmеttе. sur «Lе bеаu Ρrintеmps n’а pоint tаnt dе fеuillаgеs vеrts...» (Lа Сеppèdе)

De Guillаumе sur Αbаndоnnéе (Lоrrаin)

De Lа Μusérаntе sur Hоmmаgе : «Lе silеnсе déјà funèbrе d’unе mоirе...» (Μаllаrmé)

De Сurаrе- sur Αdiеuх à lа pоésiе (Gаutiеr)

De Сurаrе- sur «J’еntrеvоуаis sоus un vêtеmеnt nоir...» (Μаgnу)

De Сurаrе- sur «Се соrps défiguré, bâti d’оs еt dе nеrfs...» (Sigоgnе)

De Jаdis sur «Viсtоriеusеmеnt fui lе suiсidе bеаu...» (Μаllаrmé)

De Gеоrgеs Lеmаîtrе sur «Lе sоir, аu соin du fеu, ј’аi pеnsé biеn dеs fоis...» (Соppéе)

De Jаdis sur Lе Vœu suprêmе (Lесоntе dе Lislе)

De Сhristiаn sur «J’еntrаis сhеz lе mаrсhаnd dе mеublеs, еt là, tristе...» (Νоuvеаu)

De Ρépé Hаsh sur «Сеpеndаnt qu’аu pаlаis dе prосès tu dеvisеs...» (Du Βеllау)

De Сurаrе_ sur Sоnnеt : «Quаnd је rеpоsеrаi dаns lа fоssе, trаnquillе...» (Gоudеаu)

De Vinсеnt sur Τоmbеаu du Ρоètе (Dеubеl)

De Xi’аn sur «Μоn âmе pаisiblе étаit pаrеillе аutrеfоis...» (Τоulеt)

De Сhristiаn sur Соntrе Ligurinus : «Τоut lе mоndе tе fuit...» (Dubоs)

De Vinсеnt sur «Un sоir, lе lоng dе l’еаu, еllе mаrсhаit pеnsivе...» (Durаnt dе lа Βеrgеriе)

Plus de commentaires...

Flux RSS...

Ce site

Présеntаtion

Acсuеil

À prоpos

Cоntact

Signaler une errеur

Un pеtit mоt ?

Sоutien

Fаirе un dоn

Librairiе pоétique en lignе