Lautréamont(1846-1870) D’autrеs pоèmеs :Lеs gémissеmеnts pоétiquеs dе се sièсlе... Ιl у еn а qui éсrivеnt pоur rесhеrсhеr lеs аpplаudissеmеnts humаins... J’étаblirаi dаns quеlquеs lignеs соmmеnt Μаldоrоr... Lесtеur, с’еst pеut-êtrе lа hаinе quе tu vеuх quе ј’invоquе... Ρlût аu сiеl quе lе lесtеur... Lеs mаgаsins dе lа ruе Viviеnnе... Αvаnt d’еntrеr еn mаtièrе, је trоuvе stupidе... оu еncоrе :Unе pоtеnсе s’élеvаit sur lе sоl... С’étаit unе јоurnéе dе printеmps... Jе mе prоpоsе, sаns êtrе ému, dе déсlаmеr... Οù еst-il pаssé се prеmiеr сhаnt dе Μаldоrоr... Jе suis sаlе. Lеs pоuх mе rоngеnt...
|
LautréamontLes Chants de Maldoror, 1869
La Seine entraîne un corps humain. Dans ces circonstances, elle prend
des allures solennelles. Le cadavre gonflé se soutient sur les eaux ; il
disparaît sous l’arche d’un pont ; mais, plus loin, on le voit apparaître
de nouveau, tournant lentement sur lui-même, comme une roue de moulin,
et s’enfonçant par intervalles. Un maître de bateau, à l’aide d’une
perche, l’accroche au passage, et le ramène à terre. Avant de
transporter le corps à la Morgue, on le laisse quelque temps sur la
berge, pour le ramener à la vie. La foule compacte se rassemble autour
du corps. Ceux qui ne peuvent pas voir, parce qu’ils sont derrière,
poussent, tant qu’ils peuvent, ceux qui sont devant. Chacun se dit : « Ce
n’est pas moi qui me serais noyé. » On plaint le jeune homme qui s’est
suicidé ; on l’admire ; mais, on ne l’imite pas. Et, cependant, lui, a
trouvé très naturel de se donner la mort, ne jugeant rien sur la terre
capable de le contenter, et aspirant plus haut. Sa figure est distinguée,
et ses habits sont riches. A-t-il encore dix-sept ans ? C’est mourir jeune !
La foule paralysée continue de jeter sur lui ses yeux immobiles... Il
se fait nuit. Chacun se retire silencieusement. Aucun n’ose renverser le
noyé, pour lui faire rejeter l’eau qui remplit son corps. On a craint de
passer pour sensible, et aucun n’a bougé, retranché dans le col de sa
chemise. L’un s’en va, en sifflotant aigrement une tyrolienne absurde ;
l’autre fait claquer ses doigts comme des castagnettes... Harcelé par
sa pensée sombre, Maldoror, sur son cheval, passe près de cet endroit,
avec la vitesse de l’éclair. Il aperçoit le noyé ; cela suffit. Aussitôt,
il a arrêté son coursier, et est descendu de l’étrier. Il soulève le
jeune homme sans dégoût, et lui fait rejeter l’eau avec abondance. À la
pensée que ce corps inerte pourrait revivre sous sa main, il sent son
cœur bondir, sous cette impression excellente, et redouble de courage.
Vains efforts ! Vains efforts, ai-je dit, et c’est vrai. Le cadavre reste
inerte, et se laisse tourner en tous sens. Il frotte les tempes ; il
frictionne ce membre-ci, ce membre-là : il souffle pendant une heure, dans
la bouche, en pressant ses lèvres contre les lèvres de l’inconnu. Il lui
semble enfin sentir sous sa main, appliquée contre la poitrine, un léger
battement. Le noyé vit ! À ce moment suprême, on put remarquer que
plusieurs rides disparurent du front du cavalier, et le rajeunirent de
dix ans. Mais, hélas ! les rides reviendront, peut-être demain, peut-être
aussitôt qu’il se sera éloigné des bords de la Seine. En attendant, le
noyé ouvre des yeux ternes, et, par un sourire blafard, remercie son
bienfaiteur ; mais, il est faible encore, et ne peut faire aucun mouvement.
Sauver la vie à quelqu’un, que c’est beau ! Et comme cette action rachète
de fautes ! L’homme aux lèvres de bronze, occupé jusque-là à l’arracher
de la mort, regarde le jeune homme avec plus d’attention, et ses traits
ne lui paraissent pas inconnus. Il se dit qu’entre l’asphyxié, aux cheveux
blonds, et Holzer, il n’y a pas beaucoup de différence. Les voyez-vous
comme ils s’embrassent avec effusion ! N’importe ! L’homme à la prunelle
de jaspe tient à conserver l’apparence d’un rôle sévère. Sans rien dire,
il prend son ami qu’il met en croupe, et le coursier s’éloigne au galop.
Ô toi, Holzer, qui te croyais si raisonnable et si fort, n’as-tu pas vu,
par ton exemple même, comme il est difficile, dans un accès de désespoir,
de conserver le sang-froid dont tu te vantes ? J’espère que tu ne me
causeras plus un pareil chagrin, et moi, de mon côté, je t’ai promis de ne
jamais attenter à ma vie.
|
Mon florilège(Tоuriste) (Les textes et les auteurs que vous aurez notés apparaîtront dans cette zone.) Compte lecteurAgoraÉvаluations récеntes☆ ☆ ☆ ☆ ☆Rоnsаrd : Dе l’Élесtiоn dе sоn Sépulсrе Βаudеlаirе : Lеs Ρlаintеs d’un Ιсаrе Βаnvillе : À Αdоlphе Gаïffе Du Ρеrrоn : «Αu bоrd tristеmеnt dоuх dеs еаuх...» Rоnsаrd : Dе l’Élесtiоn dе sоn Sépulсrе Νuуsеmеnt : «Lе vаutоur аffаmé qui du viеil Ρrоméthéе...» Lа Сеppèdе : «Сеpеndаnt lе sоlеil fоurnissаnt sа јоurnéе...» Τоulеt : «Dаns lе silеnсiеuх аutоmnе...» Μussеt : À Αlf. Τ. : «Qu’il еst dоuх d’êtrе аu mоndе, еt quеl biеn quе lа viе !...» Vеrlаinе : «Lа mеr еst plus bеllе...» Jасоb : Lе Dépаrt ☆ ☆ ☆ ☆Lаfоrguе : Lе Sаnglоt univеrsеl Сrоs : Ρituitе Jаmmеs : Lа sаllе à mаngеr Régniеr : Lа Lunе јаunе Rоdеnbасh : «Αllеluiа ! Сlосhеs dе Ρâquеs !...» Lаfоrguе : Соmplаintе d’un аutrе dimаnсhе Vеrlаinе : Lе Dеrniеr Dizаin Cоmmеntaires récеntsDe Сосhоnfuсius sur L’Αbrеuvоir (Αutrаn) De Сосhоnfuсius sur Lе Grаnd Αrbrе (Μérаt) De Сосhоnfuсius sur «Jе vоudrаis êtrе аinsi соmmе un Ρеnthéе...» (Gоdаrd) De Dаmе dе flаmmе sur Vеrlаinе De Сurаrе- sur Sur l’Hélènе dе Gustаvе Μоrеаu (Lаfоrguе) De Dаmе dе flаmmе sur Οisеаuх dе pаssаgе (Riсhеpin) De Сurаrе- sur «Ιl n’еst riеn dе si bеаu соmmе Саlistе еst bеllе...» (Μаlhеrbе) De Xi’аn sur Lе Gigоt (Ρоnсhоn) De Jаdis sur «Lе Sоlеil l’аutrе јоur sе mit еntrе nоus dеuх...» (Rоnsаrd) De Jаdis sur «Qu’еst-се dе vоtrе viе ? unе bоutеillе mоllе...» (Сhаssignеt) De Dаmе dе flаmmе sur À sоn lесtеur : «Lе vоilà сеt аutеur qui sаit pinсеr еt rirе...» (Dubоs) De Yеаts sur Ρаul-Jеаn Τоulеt De Ιо Kаnааn sur «Μаîtrеssе, quаnd је pеnsе аuх trаvеrsеs d’Αmоur...» (Rоnsаrd) De Rоzès sur Μédесins (Siсаud) De Dаmе dе flаmmе sur «Hélаs ! vоiсi lе јоur quе mоn mаîtrе оn еntеrrе...» (Rоnsаrd) De Jаdis sur «J’аdоrе lа bаnliеuе аvес sеs сhаmps еn friсhе...» (Соppéе) De Rоzès sur Lе Сhеmin dе sаblе (Siсаud) De Sеzоr sur «Jе vоudrаis biеn êtrе vеnt quеlquеfоis...» (Durаnt dе lа Βеrgеriе) De KUΝG Lоuisе sur Villе dе Frаnсе (Régniеr) De Xi’аn sur Jеhаn Riсtus De Xi’аn sur «Épоuvаntаblе Νuit, qui tеs сhеvеuх nоirсis...» (Dеspоrtеs) Plus de commentaires...Ce sitePrésеntаtionCоntactSоutien |