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Œuvres, 1929
Nous perdons le temps à rimer,
Amis, il ne faut plus chômer ;
Voici Bacchus qui nous convie
À mener bien une autre vie ;
Laissons là ce fat d’Apollon,
Chions dedans son violon ;
Nargue du Parnasse et des Muses,
Elles sont vieilles et camuses ;
Nargue de leur sacré ruisseau,
De leur archet, de leur pinceau,
Et de leur verve poétique,
Qui n’est qu’une ardeur frénétique ;
Pégase enfin n’est qu’un cheval
Et pour moi je crois, cher Laval,
Que qui le suit et lui fait fête
Ne suit et n’est rien qu’une bête.
Morbleu ! Comme il pleut là, dehors !
Faisons pleuvoir dans notre corps
Du vin, tu l’entends sans le dire
Et c’est là le vrai mot pour rire ;
Chantons, rions, menons du bruit,
Buvons ici toute la nuit,
Tant que demain la belle Aurore
Nous trouve tous à table encore.
Loin de nous sommeil et repos ;
Boissat, lorsque nos pauvres os
Seront enfermés dans la tombe
Par la mort, sous qui tout succombe,
Et qui nous poursuit au galop,
Las ! nous ne dormirons que trop.
Prenons de ce doux jus de vigne ;
Je vois Faret qui se rend digne
De porter ce dieu dans son sein
Et j’approuve fort son dessein.
Bacchus ! qui vois notre débauche,
Par ton saint portrait que j’ébauche
En m’enluminant le museau
De ce trait que je bois sans eau ;
Par ta couronne de lierre,
Par la splendeur de ce grand verre,
Par ton thyrse tant redouté,
Par ton éternelle santé,
Par l’honneur de tes belles fêtes,
Par tes innombrables conquêtes,
Par les coups non donnés, mais bus,
Par tes glorieux attributs,
Par les hurlements des Ménades,
Par le haut goût des carbonnades,
Par tes couleurs blanc et clairet,
Par le plus fameux cabaret,
Par le doux chant de tes orgies,
Par l’éclat des trognes rougies,
Par table ouverte à tout venant,
Par les fins mors de ta cabale,
Par le tambour et la cymbale,
Par tes cloches qui sont des pots,
Par tes soupirs qui sont des rots,
Par tes hauts et sacrés mystères,
Par tes furieuses panthères,
Par ce lieu si frais et si doux,
Par ton bouc, paillard comme nous,
Par ta grosse garce Ariane,
Par le vieillard monté sur l’âne,
Par les satyres, tes cousins,
Par la fleur des plus beaux raisins,
Par ces bisques si renommées,
Par ces langues de bœuf fumées,
Par ce tabac, ton seul encens,
Par tous les plaisirs innocents,
Par ce jambon couvert d’épice,
Par ce long pendant de saucisse,
Par la majesté de ce broc,
Par masse, tope, cric et croc,
Par cette olive que je mange,
Par ce gai passeport d’orange,
Par ce vieux fromage pourri,
Bref par Gillot, ton favori,
Reçois-nous dans l’heureuse troupe,
Des francs chevaliers de la coupe,
Et, pour te montrer tout divin,
Ne la laisse jamais sans vin.
Commentaire (s)
Déposé par Cochonfucius le 19 juillet 2014 à 10h45Danse des mots
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Rimeur suis, fier de rimer,
Ma plume ne sait chômer ;
Chaque jour, je la convie
À vous raconter ma vie.
Dionysos plus qu’Apollon
Me fournit en sanglots longs ;
J’ai les plus sages des muses
(Qui de mythes ne s’abusent)
Et j’abreuve mon cheval
De nectar, violent régal :
C’est pourquoi la brave bête
Danse comme aux jours de fête.
Dieu du pampre, je t’invoque
De ces mots sans équivoque :
Par le langage des pierres,
Par le seau qui sert de verre,
Par les pluvians enchantés,
Par le pelgrane envoûté,
Par Saint Denis et sa tête,
Par les lendemains de fête,
Par les noirs corbeaux tordus,
Par l’alligator fondu,
Par le malheureux qui glisse
Quand il offre des saucisses,
Par les oncles des crapauds
Retirés dans leur tripot,
Par l’ivresse d’un archange,
Par un bonhomme de fange,
Par les troquets de Paris
(Plusieurs sont mes favoris),
Par les fiers buveurs en troupe,
Par la bienheureuse coupe
Et le charpentier divin
Qui prend l’eau et fait du vin. [Lien vers ce commentaire]
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