Baïf, qui, comme moi, prouves l’adversité,
Il n’est pas toujours bon de combattre l’orage,
Il faut caler la voile, et de peur du naufrage
Céder à la fureur de Neptune irrité.
Mais il ne faut aussi par crainte et vilité
S’abandonner en proie : il faut prendre courage,
Il faut feindre souvent l’espoir par le visage,
Et faut faire vertu de la nécessité.
Donques sans nous ronger le cœur d’un trop grand soin,
Mais de notre vertu nous aidant au besoin,
Combattons le malheur. Quant à moi, je proteste
Que je veux désormais fortune dépiter,
Et que s’ elle entreprend le me faire quitter,
Je le tiendrai, Baïf, et fût-ce de ma teste.
Commentaire (s)
Déposé par Cochonfucius le 21 février 2018 à 12h51
Oenophores
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Bacchus offre le vin contre l’adversité ;
Celui qui a bien bu traverse les orages,
Son coeur reste serein, même en cas de naufrage,
Il reprend un godet avant d’être irrité,
Aux porteuses de vin fait des civilités,
Par mille traits d’esprit leur fait prendre courage.
Un petit air moqueur se lit sur leur visage,
Elles qui font vertu de la nécessité.
Leur travail de portage est fait avec grand soin :
Car elles marchent vite, et courent au besoin.
Nul ne manque de vin, je le dis, j’en atteste ;
Combien les ai-je vu de litres débiter
Que je faisais descendre avant de les quitter ;
Mais je suis devenu un client plus modeste.