N’étant de mes ennuis la fortune assouvie,
Afin que je devinsse à moi-même odieux,
M’ôta de mes amis celui que j’aimais mieux,
Et sans qui je n’avais de vivre nulle envie.
Donc l’éternelle nuit a ta clarté ravie,
Et je ne t’ai suivi parmi ces obscurs lieux !
Toi, qui m’as plus aimé que ta vie et tes yeux,
Toi, que j’ai plus aimé que mes yeux et ma vie.
Hélas, cher compagnon, que ne puis-je être encor
Le frère de Pollux, toi celui de Castor,
Puisque notre amitié fut plus que fraternelle ?
Reçois donques ces pleurs, pour gage de ma foi,
Et ces vers qui rendront, si je ne me deçoi,
De si rare amitié la mémoire éternelle.
Commentaire (s)
Déposé par Cochonfucius le 27 février 2013 à 10h32
L’âme s’enfuit du corps avant d’être assouvie,
Comme un triste convive en allé au milieu
Du généreux festin que lui offrent les dieux,
Quand de si tôt partir il n’avait point envie.
Vous tous, dont la présence ainsi me fut ravie,
J’évoque votre image en passant par les lieux
Où nous allions ensemble, et je sens dans mes yeux
Comme un goût de pleurer sur mon restant de vie.
Nous ne chanterons plus, ni "Les copains d’abord"
Ni le refrain qui dit "Saint Eloi n’est pas mort",
Ni le chant de Mandrin, ni d’autres ritournelles.
Perdant un camarade, on perd un peu de soi,
Mais ainsi va la vie, avec sa dure loi,
Existence fugace, et non pas éternelle.