Quand ce brave séjour, honneur du nom Latin,
Qui borna sa grandeur d’Afrique et de la Bise,
De ce peuple qui tient les bords de la Tamise,
Et de celui qui voit éclore le matin,
Anima contre soi d’un courage mutin
Ses propres nourrissons, sa dépouille conquise,
Qu’il avait par tant d’ans sur tout le monde acquise,
Devint soudainement du monde le butin :
Ainsi quand du grand Tout la fuite retournée,
Où trente-six mille ans ont sa course bornée,
Rompra des éléments le naturel accord,
Les semences qui sont mères de toutes choses
Retourneront encore à leur premier discord,
Au ventre du Chaos éternellement closes.
Tu surviens, les griffons en perdent leur latin :
Ils trouvent que ton souffle est froid comme la bise.
Ces pauvres animaux, qui n’ont pas de chemise,
Se mettent à trembler, dans le petit matin.
Aussi, leur désarroi fait rire les lutins
Dont l’âme, par tes yeux, fut ravie et conquise ;
Tu méduses les gens, c’est une chose acquise,
Mais en tireras-tu le plus léger butin?
Gorgone, sans répondre, au logis retournée,
Pense qu’elle a bientôt terminé sa journée ;
De butin, pas une ombre, elle en est bien d’accord.
Puis quand, le soir venu, sont ses paupières closes,
Elle croit voir, aux murs de sa chambrette rose,
Les griffons médusés, improbable décor.