Que ferai-je, Morel ? Dis-moi, si tu l’entends,
Ferai-je encore ici plus longue demeurance,
Ou si j’irai revoir les campagnes de France,
Quand les neiges fondront au soleil du printemps ?
Si je demeure ici, hélas, je perds mon temps
À me repaître en vain d’une longue espérance :
Et si je veux ailleurs fonder mon assurance,
Je fraude mon labeur du loyer que j’attends.
Mais faut-il vivre ainsi d’une espérance vaine ?
Mais faut-il perdre ainsi bien trois ans de ma peine ?
Je ne bougerai donc. Non, non, je m’en irai.
Je demeurrai pourtant, si tu le me conseilles.
Hélas, mon cher Morel, dis-moi que je ferai,
Car je tiens, comme on dit, le loup par les oreilles.
Sagesse de la libellule
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La libellule chasse à la fin du printemps,
Je suis émerveillé par sa noble apparence ;
Je la vois survolant ce ruisselet de France,
Qui frôle la surface et s’y va reflétant.
Au bord de ce cours d’eau longuement méditant,
Le héron au long bec se nourrit d’espérance ;
Comme la libellule, il est plein d’assurance,
Il se tient sur la rive, il observe, il attend.
De ces deux prédateurs la quête n’est pas vaine,
Ils prendront du gibier bientôt, sans trop de peine ;
Il se rassasieront, et puis, ils s’en iront.
J’entends un peu plus loin le cri d’une corneille,
Un oiseau ténébreux qui dans l’ombrage veille ;
Quant à moi, j’aime aussi ce troisième larron.