Hier, sur la grand’route où j’ai passé près d’eux,
Les jeunes sourds-muets s’en allaient deux par deux,
Sérieux, se montrant leurs mains toujours actives.
Un instant j’observai leurs mines attentives
Et j’écoutai le bruit que faisaient leurs souliers.
Je restai seul. La brise en haut des peupliers
Murmurait doucement un long frisson de fête ;
Chaque buisson jetait un trille de fauvette,
Et les grillons joyeux chantaient dans les bleuets.
Je penserai souvent aux pauvres sourds-muets.
Nuages qui sourient quand je passe près d’eux,
À les mener au loin une brise est active ;
Je plane dans l’orage, humble grue attentive,
J’aime glisser ainsi dans ce ciel hasardeux.
Moins de temps qu’il n’en faut pour compter jusqu’à deux,
Et l’éclair a produit cette lumière vive
Par quoi, quand il survient, les cieux nocturnes vivent,
Même si le fracas les rend cauchemardeux.
L’eau peut mouiller mes pieds, je n’ai pas de souliers,
Je resterai posée en haut d’un peuplier
Pour observer l’averse inondant les bleuets.
Oiseaux, répondez-moi, l’orage est une fête ;
Il ne fait rien qui puisse effrayer les fauvettes,
Même si plus d’un astre en est rendu muet.