Volupté des parfums ! — Oui, toute odeur est fée.
Si j’épluche, le soir, une orange échauffée,
Je rêve de théâtre et de profonds décors ;
Si je brûle un fagot, je vois, sonnant leurs cors,
Dans la forêt d’hiver les chasseurs faire halte ;
Si je traverse enfin ce brouillard que l’asphalte
Répand, infect et noir, autour de son chaudron,
Je me crois sur un quai parfumé de goudron,
Regardant s’avancer, blanche, une goélette
Parmi les diamants de la mer violette.
Commentaire (s)
Déposé par Cochonfucius le 21 juillet 2014 à 11h13
Je te lis volontiers, mon vieux François Coppée !
Une idée que ta plume a bien développée
S’orne d’un naturel et rigoureux décor ;
Que ce soit de Roland les vains appel de cor,
Ou des grands destriers la solennelle halte,
Ou d’un gars de ton temps l’errance sur l’asphalte,
Tu mijotes tout ça dans ton joli chaudron
Et l’offres, cuit à point, à ceux qui le voudront ;
Tel un bon boulanger mettant sur sa galette
Plus d’or que ne le peut d’un peintre la palette.