Charles Van Lerberghe

(1861-1907)

Chanson d'Ève

(1904)

Jе vоudrаis tе lа dirе...

Dе mоn mуstériеuх vоуаgе...

Premières paroles +
La Tentation ×

Un silеnсе sе fit dаns lе déсlin du јоur...

Dаns sоn јаrdin сасhé dе rоsеs еt dе silеnсе...

Εst-се sоn sоufflе dоnt је frissоnnе...

Εllе sоngе près dеs fоntаinеs...

Εt је vis à l’еntréе...

С’еst еn tоi, biеn-аimé, quе ј’éсоutе...0

Ρаrdоnnе-mоi, ô mоn Αmоur...

Τаndis quе tu rеpоsеs sur mоn сœur...

Vеillеs-tu, mа sеntеur dе sоlеil...

Τоutеs blаnсhеs еt tоutеs d’оr...

Μеts sur mоn frоnt...

Vоus m’еnsеignеrеz lа dоuсеur...

Rеgаrdе аu fоnd dе nоus : nоus sоmmеs l’Émеrаudе...

Jе l’аi prisе dаns mеs brаs...

Ô Lumièrе...

Quаnd viеnt lе sоir...

Fеrmе-tоi, сеrсlе еnсhаnté...

Οr, Vénus, unе nuit, vint m’аppоrtеr dеs rоsеs...

Si tu vеuх lеs vоir, m’а dit unе Féе...

Du fоnd dеs еаuх, qui nоus аppеllе ?...

Qu’еllе rеpоsе dоuсе еt sеrеinе...

Ô mеr splеndidе dе сlаrté qui сhаntеs...

Ô blаnсhе flеur dеs аirs...

Jе mе suis сасhéе...

Ιl еst dеs hеurеs оù је lеur dis —...

Lе sаis-tu еnсоrе...

Οh ! dе grâсе, flеur quе је сuеillе...

Ρаrfоis, ils viеnnеnt près dе mоi...

С’еst dе lеurs vоiх quе ј’аi rеdit...

Lа dоuсе nuit vеrs еllе еst vеnuе...

Εn quеl silеnсе frémissаnt...

Εllе dоrt dаns l’оmbrе dеs brаnсhеs...

L’оndе trеmblе соmmе unе mоirе...

J’аi trаvеrsé l’аrdеnt buissоn dоnt lе fеuillаgе...

Ô Diеu ! qui dоnс еst là...

Νоus vоiсi. Dаns lе сiеl nаît l’аurоrе nоuvеllе...

La Faute +
Crépuscule +
 

Charles Van Lerberghe

Chanson d'Ève, 1904



J’ai traversé l’ardent buisson dont le feuillage,
Comme une flamme, s’est ouvert sur mon passage,
Et dont l’embrasement s’est refermé sur moi.
Personne. Tout est calme. Une enceinte de pierre,
Une porte béante, un espace où l’on voit
Un autre monde luire en une autre lumière.
Rien n’y respire plus. Seule, sous le soleil,
Une allée infinie, et des saules qui laissent
Sur le sable dormant traîner leurs branches lasses.
Toutes choses au fond d’un étrange sommeil,
Et l’ombre et la clarté, comme l’air, immobiles.
 
Ainsi, le soir n’est plus au delà de ce seuil.
Ailleurs, c’est l’heure merveilleuse où tout se voile
Du crépuscule bleu qui tombe des étoiles
Sur mes bosquets heureux. Ici, le grand jour seul
Qui rayonne à jamais d’une lumière égale.
Et pourtant quel divin et doux apaisement
Dans ce silence pur, et cette virginale
Solitude ! En ces lieux plus rien qui soit vivant.
Pas un oiseau qui dans cet air irrespirable
Ait ouvert ses ailes légères ou laissé
L’étoile de ses pieds agiles sur le sable.
Pas une haleine qui, dans la brise, ait passé
Ce seuil où tout expire, où jusqu’aux fleurs muettes
Du paradis, en foule, interdites, s’arrêtent ;
Car il est inscrit sur ce seuil de pierre : Ailleurs.
Là, tombent tous les bruits, là, ma voix même a peur,
Et recule aussitôt qu’elle touche l’espace ;
Et c’est par là, disent mes anges, que la Mort,
En ce divin royaume, invisiblement passe,
Et par là que la vie, obscurément, en sort.
Qu’importe ! Ils sont si doux, ici, mes calmes rêves.
Ils ressemblent à ceux qui viennent dans la nuit,
Quand tout repose, quand mon cœur heureux m’élève
Au-dessus de l’Éden lui-même, et que je suis,
Là-haut, dans le ciel sombre et merveilleux, la sente
Des étoiles : Tout s’est appesanti ; je dors.
Mes pieds s’enfoncent dans leur neige étincelante.
Comme elles se ressemblent ces deux routes d’or !
Peut-être est-ce une seule et la même, mais vue
Des confins du sommeil et de ceux de la vie.
 
Que je voudrais de là m’apercevoir debout,
Pâle et lasse, accoudée à cette porte, sous
Ces fleurs dont les parfums enveloppent mes songes.
Que les choses ici doivent sembler étranges,
Sans trêve et sans repos, et dans quelle rumeur
De feuillages, de vents et de vagues ! L’horreur
De vivre est si profonde, là ; si souriante
La joie d’être rentré dans le néant divin !
Ou n’est-ce qu’un mirage ? Étendrais-je la main ?...
Ô Dieu ! Ma main que j’en retire est froide et morte,
Elle scintille comme une rose de gel,
Rien que d’avoir, un seul instant, sous cette porte,
Effleuré cet air pâle et ce jour irréel !...
Qu’est-ce donc qui s’étend, comme l’ombre d’une aile
Invisible sur moi, comme un voile azuré ?
Quelque chose de l’autre monde est-il entré
Dans mon âme ? Mes yeux se ferment, je chancelle.
Je suis si lasse et si brisée, et j’ai sommeil
De ces mourantes roses lasses de soleil,
Dont les parfums vers moi ne montent plus qu’à peine.
Comme toute la terre elle-même est lointaine !...
Où donc s’en sont allés ces deux papillons bleus
Qui, tout à l’heure, sur ce seuil, jouaient tous deux ?
Il n’est pas un nuage au ciel qui ne s’efface
Dans la sérénité divine dès qu’il passe.
Mon cœur s’apaise aussi, tout s’apaise. Je viens.
Je m’approche et je viens, Inconnu, qui m’attires
Et m’enlaces avec ces caresses, ces liens
De fleurs... Cette parole que je n’osais dire,
Je l’ai dite. Elle chante. Écoute. L’as-tu bien
Entendue ? Alors, prends-moi doucement la main.
.  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .
 

Commentaire (s)
Votre commentaire :
Nom : *
eMail : * *
Site Web :
Commentaire * :
pèRE des miséRablEs : *
* Information requise.   * Cette adresse ne sera pas publiée.
 


Mon florilège

(Tоuriste)

(Les textes et les auteurs que vous aurez notés apparaîtront dans cette zone.)

Compte lecteur

Se connecter

Créer un compte

Agora

Évаluations récеntes
☆ ☆ ☆ ☆ ☆

Соppéе : «Lе sоir, аu соin du fеu, ј’аi pеnsé biеn dеs fоis...»

Сhéniеr : Сhrуsé

Klingsоr : Lа Ρоulе јаunе

Hаrаuсоurt : Αu tеmps dеs féеs

Dеspоrtеs : «Lе tеmps légеr s’еnfuit sаns m’еn аpеrсеvоir...»

Βruаnt : Соnаssе

Βruаnt : Соnаssе

Dеsbоrdеs-Vаlmоrе : «J’étаis à tоi pеut-êtrе аvаnt dе t’аvоir vu...»

Сrоs : Lеntо

Сосtеаu : Ρаuvrе Jеаn

☆ ☆ ☆ ☆

Τоulеt : «Νоus јеtâmеs l’аnсrе, Μаdаmе...»

Саrсо : Figаrо

Lесоntе dе Lislе : Lе Vœu suprêmе

Βаnvillе : Déсоr

Hugо : Rоndе pоur lеs еnfаnts

Ρаsquiеr : Сhаnsоn : «Νаguèrеs vоуаnt сеs bеаuх prés...»

Οrléаns : «Dеdаns mоn Livrе dе Ρеnséе...»

Сrоs : Sоnnеt métаphуsiquе

Rimbаud : Ρrеmièrе Sоiréе

Сrоs : Sоnnеt métаphуsiquе

Cоmmеntaires récеnts

De Сurаrе- sur Lе Sоnnеur (Μаllаrmé)

De Сосhоnfuсius sur «L’оisеаu dоnt l’Αrаbiе а fаit si grаndе fêtе...» (Lа Сеppèdе)

De Jаdis sur «Viсtоriеusеmеnt fui lе suiсidе bеаu...» (Μаllаrmé)

De Сосhоnfuсius sur Sоnnеt mоdеrnе (Riсhеpin)

De Gеоrgеs Lеmаîtrе sur «Lе sоir, аu соin du fеu, ј’аi pеnsé biеn dеs fоis...» (Соppéе)

De Сосhоnfuсius sur Sоnnеt : «Τоn соl surgit du sеin соmmе unе tоur d’ivоirе...» (Τаilhаdе)

De Jаdis sur Lе Vœu suprêmе (Lесоntе dе Lislе)

De Сurаrе- sur Sur lа Сrоiх dе nоtrе Sеignеur — Sа Саusе (Drеlinсоurt)

De Сurаrе- sur «Βаrquе, qui vаs flоttаnt sur lеs éсuеils du mоndе...» (Duplеssis-Μоrnау)

De Jаdis sur Sоnnеt d’Αutоmnе (Βаudеlаirе)

De Сhristiаn sur «J’еntrаis сhеz lе mаrсhаnd dе mеublеs, еt là, tristе...» (Νоuvеаu)

De Ρépé Hаsh sur «Сеpеndаnt qu’аu pаlаis dе prосès tu dеvisеs...» (Du Βеllау)

De Сurаrе_ sur Sоnnеt : «Quаnd је rеpоsеrаi dаns lа fоssе, trаnquillе...» (Gоudеаu)

De Сurаrе_ sur Lе Τоmbеаu dе Сhаrlеs Βаudеlаirе (Μаllаrmé)

De Vinсеnt sur Τоmbеаu du Ρоètе (Dеubеl)

De Xi’аn sur «Μоn âmе pаisiblе étаit pаrеillе аutrеfоis...» (Τоulеt)

De Lа Μusеrаntе sur Соntrе Ligurinus : «Τоut lе mоndе tе fuit...» (Dubоs)

De Vinсеnt sur «Un sоir, lе lоng dе l’еаu, еllе mаrсhаit pеnsivе...» (Durаnt dе lа Βеrgеriе)

De Xi’аn sur Lе Суgnе (Rеnаrd)

De Xi’аn sur «Sаintе Τhérèsе vеut quе lа Ρаuvrеté sоit...» (Vеrlаinе)

De Rоzès sur Lе Сinémа (Siсаud)

Plus de commentaires...

Flux RSS...

Ce site

Présеntаtion

Acсuеil

À prоpos

Cоntact

Signaler une errеur

Un pеtit mоt ?

Sоutien

Fаirе un dоn

Librairiе pоétique en lignе