Coche cent fois heureux, où ma belle Maîtresse
Et moi nous promenons raisonnants de l’amour :
Jardin cent fois heureux, des Nymphes le séjour,
Qui l’adorent de loin ainsi que leur Déesse.
Bienheureuse l’Eglise, où je pris hardiesse
De contempler ses yeux, qui des miens sont le jour,
Qui ont chauds les regards, qui ont tout à l’entour
Un petit camp d’amours, qui jamais ne les laisse.
Heureuse la Magie, et les cheveux brûlés,
Le murmure, l’encens, et les vins écoulés
Sur l’image de cire : ô bienheureux servage !
Ô moi sur tous amants le plus aventureux,
D’avoir osé choisir la vertu de notre âge,
Dont la terre est jalouse, et le ciel amoureux.
Commentaire (s)
Déposé par Cochonfucius le 5 novembre 2017 à 11h55
Licorne aux plumes de sinople
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Licorne de sinople, indulgente maîtresse,
Tu n’as nulle vision trop stricte de l’amour ;
En ton doux coeur de monstre il fait de brefs séjours,
Tu as la liberté des dieux et des déesses.
Bienheureux animal, éprouvant la tendresse,
La flamme dans les yeux, l’innocence des jours,
Alors que le jardin verdoyant à l’entour
Incite tes amants à la sainte paresse.
Compte les madrigaux et les cierges brûlés,
Les heures sans sommeil et les vins écoulés,
Compte les chevaliers que tu mis en servage.
Or, de tous tes amants le plus aventureux
Fut Pierre de Ronsard, poète d’un autre âge,
Dont ton âme est jalouse, et ton coeur amoureux.