Je m’enfuis du combat, ma bataille est défaite :
J’ai perdu contre Amour la force et la raison :
Jà dix lustres passés, et jà mon poil grison
M’appellent au logis, et sonnent la retraite.
Si, comme je voulais, ta gloire n’est parfaite,
N’en blâme point l’esprit, mais blâme la saison :
Je ne suis ni Pâris, ni déloyal Jason :
J’obéis à la loi, que la Nature a faite.
Entre l’aigre et le doux, l’espérance et la peur,
Amour dedans ma forge a poly cet ouvrage.
Je ne me plains du mal, du temps ni du labeur,
Je me plains de moi-même et de ton fier courage.
Tu t’en repentiras, si tu as un bon cœur,
Mais le tard repentir ne guérit le dommage.
Ne sachant si sa vie est victoire ou défaite,
Le vieux coq-loup d’azur se fait une raison ;
Tout un sombre dimanche, il reste en sa maison,
Profitant des bienfaits d’une douce retraite.
Évoquant rarement sa carrière imparfaite,
Il voit dans son jardin se suivre les saisons ;
Sa course qui s’en vient à sa terminaison
Traversera bientôt de nouveaux jours de fête.
Il est bon de ne plus se soumettre au labeur,
D’errer par les chemins, de cultiver des fleurs ;
À chaque temps convient sa juste part d’ouvrage.
Plus défilent les jours, plus je trouve à mon goût
D’être, à son domicile, un très ancien coq-loup,
Ayant quitté Paris pour de lointains parages.