Maîtresse, quand je pense aux traverses d’Amour,
Qu’ores chaude, ores froide en aimant tu me donnes,
Comme sans passion mon cœur tu passionnes,
Qui n’a contre son mal ni trêve ni séjour :
Je soupire la nuit, je me complains le jour
Contre toi, ma Raison, qui mon fort abandonnes,
Et pleine de discours, confuse, tu t’étonnes
Dès le premier assaut, sans défendre ma tour.
Non : si forts ennemis n’assaillent notre Place,
Qu’ils ne fussent vaincus, si tu tournois la face,
Encores que mon cœur trahit ce qui est sien.
Une œillade, une main, un petit ris me tue :
De trois faibles soudards ta force est combattue :
Qui te dira divine, il ne dira pas bien.