1
Plus étroit que la Vigne à l’Ormeau se marie
De bras souplement forts,
Du lien de tes mains, Maîtresse, je te prie,
Enlace-moi le corps.
2
Et feignant de dormir, d’une mignarde face
Sur mon front penche-toi :
Inspire, en me baisant, ton haleine et ta grâce
Et ton cœur dedans moi.
3
Puis appuyant ton sein sur le mien qui se pâme,
Pour mon mal apaiser,
Serre plus fort mon col, et me redonne l’âme
Par l’esprit d’un baiser.
4
Si tu me fais ce bien, par tes yeux je te jure,
Serment qui m’est si cher,
Que de tes bras aimés jamais nulle aventure
Ne pourra m’arracher.
5
Mais souffrant doucement le joug de ton empire,
Tant soit-il rigoureux,
Dans les champs Élysés une même navire
Nous passera tous deux.
6
Là morts de trop aimer, sous les branches Myrtines
Nous verrons tous les jours
Les Héros près de nous avec les Héroïnes
Ne parler que d’amours.
7
Tantôt nous danserons par les fleurs des rivages
Sous les accords divers,
Tantôt lassés du bal, irons sous les ombrages
Des Lauriers toujours verts :
8
Où le mollet Zéphire en haletant secoue
De soupirs printaniers
Ores les Orangers, ores mignard se joue
Parmi les Citronniers.
9
Là du plaisant Avril la saison immortelle
Sans échange se suit :
La terre sans labeur de sa grasse mamelle
Toute chose y produit.
10
D’en bas la troupe sainte, autrefois amoureuse,
Nous honorant sur tous,
Viendra nous saluer, s’estimant bienheureuse
De s’accointer de nous.
11
Et nous faisant assoir dessus l’herbe fleurie
De toutes au milieu,
Nulle, et fût-ce Procris, ne sera point marrie
De nous quitter son lieu.
12
Non celles qui s’en vont toutes seules ensemble,
Artémise et Didon :
Non cette belle Grecque, à qui ta beauté semble
Comme tu fais de nom.