Notre essai de culture eut une triste fin,
Mais il fit mon délice un long temps et ma joie :
J’y voyais se développer ton être fin
Dans ce bon travail qui bénit ceux qu’il emploie ;
J’y voyais ton profil fluet sur l’horizon
Marcher comme à pas vifs derrière la charrue,
Gourmandant les chevaux ainsi que de raison,
Sans colère, et criant diah et criant hue ;
Je te voyais herser, rouler, faucher parfois,
Consultant les anciens, inquiet d’un nuage,
L’hiver à la batteuse ou liant dans nos bois.
Je t’aidais, vite hors d’haleine et tout en nage.
Le dimanche, en l’éveil des cloches, tu suivais
Le chemin des jardins pour aller à la Messe ;
Après midi, l’auberge une heure où tu buvais
Pour dire, et puis la danse aux soirs de grand’liesse...
Hélas ! tout ce bonheur que je croyais permis,
Vertu, courage à deux, non mépris de la foule
Mais pitié d’elle avec très peu de bons amis,
Croula dans des choses d’argent comme un mur croule.
Après, tu meurs ! — Un dol sans pair livre à la Faim
Ma fierté, ma vigueur, et la gloire apparue...
Ah ! frérot ! est-ce enfin là-haut ton spectre fin
Qui m’appelle à grands bras derrière la charrue ?
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Mon florilège
(Tоuriste)
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