Paradis des Albatros / «Ô mes yeux abusés, espérance perdue...»

Aubigné

(1552-1630)

D’autrеs pоèmеs :

Соntrе lа présеnсе réеllе

Αuprès dе се bеаu tеint, lе lуs еn nоir sе сhаngе...

Ρrièrе du sоir

Αu tеmps quе lа fеuillе blêmе...

Vеuх-tu sаvоir qui pеut fаirе lа viе hеurеusе...

Suzаnnе m’éсоutаit sоupirеr pоur Diаnе...

Quаnd Jоdеllе аrrivа sоufflаnt еnсоr sа pеinе...

оu еncоrе :

Si mеs vеrs innосеnts...

Lеs lуs mе sеmblеnt nоirs...

Ρrièrе du mаtin

Се dоuх hivеr...

Jugеmеnt

Ô mes yeux abusés, espérance perdue,
Et vous, regards tranchants qui épiez ces lieux,
Comme je perds mes pleurs, vous perdez votre vue,
Les peines de mon cœur et celles de mes yeux.

C’est remarquer en vain l’assiette et la contrée
Et juger le pays où j’ai laissé mon cœur :
Mon désir s’y envole et mon âme altérée
Y court ainsi qu’à l’eau le cerf en sa chaleur.

Ha ! corps volé du cœur, tu brûles sans ta flamme,
Sans esprit je respire et mon pis et mon mieux,
J’affecte sans vouloir, je m’anime sans âme,
Je vis sans avoir sang, je regarde sans yeux.

Le vent emporte en l’air cette plainte poussée,
Nos désirs, les regrets et les peines de l’œil,
Les passions du cœur, les maux de la pensée,
Et le corps délaissé ne veut que le cercueil.

Commentaire (s)

Déposé par Jadis le 8 octobre 2021 à 13h49

Au fond des bois charmants, une nymphe dodue
Distrayait son ennui en parcourant des yeux
Quelque feuille de chou, quelque inepte revue
Bourrée indécemment de bobards prodigieux.

Bientôt la captiva la gazette illustrée ;
Mais comme elle attaquait la rubrique du cœur,
Notre innocente enfant se sentit effleurée
Par le baiser taquin d’un petit vent moqueur.

Sans respect pour les mots, les photos, les réclames,
Alors qu’elle abritait son trésor de son mieux,
Il s’empara soudain du journal de la dame,
Et, en l’éparpillant, l’emporta vers les cieux.

Adieu, potins, ragots ! La nymphe est courroucée ;
Sur sa branche, effronté, rigole un écureuil.
La Culture est, hélas, à tous vents dispersée,
Et la Science elle-même aujourd’hui est en deuil.