Paradis des Albatros / Sagacité du Corbeau

Joseph Autran

(1813-1877)

D’autrеs pоèmеs :

Εugéniе dе Guérin

Sévigné

Lе Ρrintеmps du сritiquе

Sur lеs mаrgеs dе lа Νuit d’Οсtоbrе

Sur un vоlumе dеs Hаrmоniеs

Lа Rimе riсhе

Lа Βоhèmе

оu еncоrе :

Ρеtitеs bоuсhеs

Lе Сhênе еt lе Rоsеаu

Joseph Autran

Sonnets capricieux, 1873

Sagacité du Corbeau

Perché sur son arbre, en temps de famine,
Messire corbeau tenait en son bec
Un large morceau de fromage sec
Qu’il avait volé dans une cuisine.

Le renard lui dit, en courbant l’échine :
« Agréez, seigneur, mon salamalec !
Si la voix chez vous répond à la mine,
Dieu vous dota mieux que le phénix grec. »

Tandis que renard lui rendait hommage,
Messire corbeau mangeait le fromage.
Il fit son repas et lui dit enfin :

« Monsieur le flatteur, j’aime la louange ;
Elle plaît à tous ; mais, lorsqu’on a faim.
Elle ne vaut pas le morceau qu’on mange. »

Commentaire (s)

Déposé par Cochonfucius le 19 décembre 2013 à 10h00

Un érudit rêva qu’il était un corbeau,
Et qu’il était, de plus, en présence d’un mage
Qui, changé en renard, réclamait du fromage.
« Que serait-ce, dit-il si j’étais un agneau ! »

En insecte, soudain, se transforme l’oiseau,
Posé sur des raisins que, devenu très sage,
Le renard, lui laissant ce goûteux apanage,
S’abstient de dévorer, ne les trouvant pas beaux.

Mais l’insecte devient un bouc bien encorné,
Ne voyant pas plus loin cependant que son nez,
Chose dont le goupil abuse sans vergogne.

Le rêve se poursuit, et le pauvre renard
Se retrouve, à la fin, pris dans un traquenard
Que lui tend le rêveur, transformé en cigogne.

[Lien vers ce commentaire]

Déposé par Jadis le 31 janvier 2022 à 10h01

La charité a bon dos
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Voyez-vous là-bas ce gueux qui chemine :
Que peut-il chercher, mais d’où sort ce mec ?
Il a vraiment tout du clochard ouzbek
Ou du truand qui drague ma cousine.

Qu’il soit arrivé à pied par la Chine,
Ayant dépensé son dernier kopeck
Dans un bousingot truffé de vermine,
Ça m’est bien égal et je m’en balek.

Il a beau frimer pire qu’un un roi mage,
On dirait plutôt un gonze au chômage
Et dont les allocs touchent à leur fin.

Il m’a emprunté un slip de rechange
(Mieux valait avoir le nez pas trop fin !)
Depuis, ça me gratte et ça me démange.