Marcial d’Auvergne

(1440-ca. 1500)

 

 

Marcial d’Auvergne


La Danse macabré des femmes


              LA MORT
 
Noble Reine de beau corsage,
Gente et joyeuse à l’avenant,
J’ai, de par le Grand Maître, charge
De vous amener maintenant,
Comme chose bien advenant
Cette danse en commencerez :
Faites devoir au rémanent.
Vous qui vivez, ainsi ferez.
 
              LA REINE
 
Cette danse m’est bien nouvelle,
Et en ai le cœur fort surpris.
Hé Dieu ! quelle dure nouvelle
À gens qui ne l’ont pas appris !
Las ! en la mort tout est compris :
Reine, dame grande et petite
Les plus grands sont les premiers pris.
Contre la mort n’a point de fuite.
 
              LA MORT
 
Après madame la Duchesse,
Vous viens quérir et pourchasser :
Ne pensez plus à la richesse,
À biens n’à joyaux amasser ;
Il vous faut ennuit trépasser ;
Certes, de votre vie est fait.
C’est foleur de tant embrasser.
L’on n’emporte que le bien fait !
 
              LA DUCHESSE
 
Je n’ai pas encore trente ans.
Hélas ! à l’heure que commence
À savoir que c’est de bon temps,
La mort vient tollir ma plaisance.
J’ai des amis, argent, chevance,
Soulas, ébats, gens à devis,
Par quoi m’est dure la sentence.
Gens aisés si meurent envis.
 
              LA MORT
 
Femme nourrie en mignotise
Qui dormez jusques au dîner,
L’on vous chauffe votre chemise.
Il est temps de vous déjeuner.
Vous ne dussiez jamais jeûner,
Car vous êtes trop maigre et vide.
À demain vous viens ajourner :
L’on meurt plus tôt que l’on ne cuide.
 
              LA FEMME MIGNOTTE
 
Pour Dieu qu’on me voise quérir
Médecin et apothicaire.
Et comment me faut-il mourir :
J’ai mari de si bonne affaire,
Anneaux, rubis, neuf ou dix paires.
Ce morceau-ci m’est bien aigret,
Et se passe tôt vaine gloire.
Femme en ces saulx meurt à regret.
 
              LA MORT
 
Dites, jeune femme à la cruche,
Renommée bonne chambrière
Répondez au moins quand l’on huche
Sans tenir si rude manière :
Vous n’irez plus à la rivière
Baver au four n’à la fenêtre.
Voici votre journée dernière.
Aussi tôt meurt servant que maître.
 
              LA CHAMBRIÈRE
 
Quoi ! ma maîtresse m’a promis
Me marier et des biens faire,
Et puis si ai d’autres amis
Qui lui aideront à parfaire.
Hé ! m’en irai-je sans rien faire ?
J’en appell’, car on me fait tort ;
Et quant à moi, ne m’en puis taire,
Peu de gens se louent de la mort.
 
              LA MORT
 
Ça, pauvre femme de village,
Suivez mon train sans plus tarder,
Plus ne vendrez œufs ni fromage,
Allez votre panier vider.
Si vous avez su bien garder
Pauvreté, patience et perte,
Vous en pourrez bien amender
Chacun trouvera sa desserte.
 
              LA FEMME DE VILLAGE
 
Je prends la mort vaille que vaille
Bien en gré et en patience ;
Francs archers ont pris ma poulaille
Et ôté toute ma substance.
De pauvres gens âme ne pense,
Entre voisins n’a charité.
Chacun veut avoir grand chevance ;
Nul n’a cure de pauvreté.
 
              LA MORT
 
Venez près, petite garcette,
Baillez-moi votre bras menu.
Il faut que sur vous la main mette :
Votre dernier jour est venu.
Je n’épargne gros ni menu,
Grand ou petit, ce m’est tout un,
Et prends tant payé, tant tenu.
La mort est commune à chacun.
 
              LA FILLETTE
 
Las ! ma mère, je suis happée :
Voici la mort qui me transporte.
Pour Dieu qu’on garde ma poupée
Mes cinq pierres, ma belle cotte :
Où elle vient trèstout emporte
Par le pouvoir que Dieu lui donne.
Vieux et jeunes de toute sorte
Tout vient de Dieu, tout y retourne.
 


Commentaire (s)
Votre commentaire :
Nom : *
eMail : * *
Site Web :
Commentaire * :
pèRE des miséRablEs : *
* Information requise.   * Cette adresse ne sera pas publiée.
 


Mon florilège

(Tоuriste)

(Les textes et les auteurs que vous aurez notés apparaîtront dans cette zone.)

Compte lecteur

Se connecter

Créer un compte

Agora

Évаluations récеntes
☆ ☆ ☆ ☆ ☆

Βаudеlаirе : Lеs Ρlаintеs d’un Ιсаrе

Βаnvillе : À Αdоlphе Gаïffе

Du Ρеrrоn : «Αu bоrd tristеmеnt dоuх dеs еаuх...»

Βlаisе Сеndrаrs

Rоnsаrd : Dе l’Élесtiоn dе sоn Sépulсrе

Νuуsеmеnt : «Lе vаutоur аffаmé qui du viеil Ρrоméthéе...»

Lа Сеppèdе : «Сеpеndаnt lе sоlеil fоurnissаnt sа јоurnéе...»

Τоulеt : «Dаns lе silеnсiеuх аutоmnе...»

Μussеt : À Αlf. Τ. : «Qu’il еst dоuх d’êtrе аu mоndе, еt quеl biеn quе lа viе !...»

Vеrlаinе : «Lа mеr еst plus bеllе...»

☆ ☆ ☆ ☆

Βаudеlаirе : Unе сhаrоgnе

Lаfоrguе : Lе Sаnglоt univеrsеl

Сrоs : Ρituitе

Jаmmеs : Lа sаllе à mаngеr

Régniеr : Lа Lunе јаunе

Rоdеnbасh : «Αllеluiа ! Сlосhеs dе Ρâquеs !...»

Lаfоrguе : Соmplаintе d’un аutrе dimаnсhе

Vеrlаinе : Lе Dеrniеr Dizаin

Νоël : Visiоn

Cоmmеntaires récеnts

De Сосhоnfuсius sur Lе Grаnd Αrbrе (Μérаt)

De Сосhоnfuсius sur «Jе vоudrаis êtrе аinsi соmmе un Ρеnthéе...» (Gоdаrd)

De Сосhоnfuсius sur Sаintе (Μаllаrmé)

De Dаmе dе flаmmе sur Vеrlаinе

De Сurаrе- sur Sur l’Hélènе dе Gustаvе Μоrеаu (Lаfоrguе)

De Dаmе dе flаmmе sur Οisеаuх dе pаssаgе (Riсhеpin)

De Сurаrе- sur «Ιl n’еst riеn dе si bеаu соmmе Саlistе еst bеllе...» (Μаlhеrbе)

De Xi’аn sur Lе Gigоt (Ρоnсhоn)

De Jаdis sur «Lе Sоlеil l’аutrе јоur sе mit еntrе nоus dеuх...» (Rоnsаrd)

De Jаdis sur «Qu’еst-се dе vоtrе viе ? unе bоutеillе mоllе...» (Сhаssignеt)

De Dаmе dе flаmmе sur À sоn lесtеur : «Lе vоilà сеt аutеur qui sаit pinсеr еt rirе...» (Dubоs)

De Yеаts sur Ρаul-Jеаn Τоulеt

De Ιо Kаnааn sur «Μаîtrеssе, quаnd је pеnsе аuх trаvеrsеs d’Αmоur...» (Rоnsаrd)

De Rоzès sur Μédесins (Siсаud)

De Dаmе dе flаmmе sur «Hélаs ! vоiсi lе јоur quе mоn mаîtrе оn еntеrrе...» (Rоnsаrd)

De Jаdis sur «J’аdоrе lа bаnliеuе аvес sеs сhаmps еn friсhе...» (Соppéе)

De Rоzès sur Lе Сhеmin dе sаblе (Siсаud)

De Sеzоr sur «Jе vоudrаis biеn êtrе vеnt quеlquеfоis...» (Durаnt dе lа Βеrgеriе)

De KUΝG Lоuisе sur Villе dе Frаnсе (Régniеr)

De Xi’аn sur Jеhаn Riсtus

De Xi’аn sur «Épоuvаntаblе Νuit, qui tеs сhеvеuх nоirсis...» (Dеspоrtеs)

Plus de commentaires...

Flux RSS...

Ce site

Présеntаtion

Acсuеil

À prоpos

Cоntact

Signaler une errеur

Un pеtit mоt ?

Sоutien

Fаirе un dоn

Librairiе pоétique en lignе