Baudelaire


À Théodore de Banville


 
Vous avez empoigné les crins de la Déesse
Avec un tel poignet, qu’on vous eût pris, à voir
Et cet air de maîtrise et ce beau nonchaloir,
Pour un jeune ruffian terrassant sa maîtresse.
 
L’œil clair et plein du feu de la précocité,
Vous avez prélassé votre orgueil d’architecte
Dans des constructions dont l’audace correcte
Fait voir quelle sera votre maturité.
 
Poëte, notre sang nous fuit par chaque pore ;
Est-ce que par hasard la robe du Centaure,
Qui changeait toute veine en funèbre ruisseau,
 
Était teinte trois fois dans les baves subtiles
De ces vindicatifs et monstrueux reptiles
Que le petit Hercule étranglait au berceau ?
 

Commentaire (s)
Déposé par Cochonfucius le 5 septembre 2019 à 12h05

Papillon de la Table Ronde
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Il n’a jamais servi les dieux ni les déesses,
Mais près des chevaliers on peut souvent le voir ;
Ce noble papillon, dans son fier nonchaloir,
Il ne se reconnaît ni maître ni maîtresse.

Il suit parfois les pas du moine ou de l’abbesse
Car il veut détenir un peu de leur savoir,
Mais il n’admire point les hommes de pouvoir,
Préférant la douceur des mots d’une princesse.

Lorsque survient l’hiver, il peut voler encore
Et dans cette saison où dort le doryphore
Il survole la plaine et s’abreuve au ruisseau.

Il connaît mieux que moi l’héraldique subtile
Et trace des blasons, dessinateur fertile :
Je crois qu’il le faisait dès l’âge du berceau.

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