Ce n’est l’ambition, ni le soin d’acquérir,
Qui m’a fait délaisser ma rive paternelle,
Pour voir ces monts couverts d’une neige éternelle,
Et par mille dangers ma fortune quérir.
Le vrai honneur, qui n’est coutumier de périr,
Et la vraie vertu, qui seule est immortelle,
Ont comblé mes désirs d’une abondance telle,
Qu’un plus grand bien aux dieux je ne veux requérir.
L’honnête servitude où mon devoir me lie
M’a fait passer les monts de France en Italie,
Et demeurer trois ans sur ce bord étranger,
Où je vis languissant : ce seul devoir encore
Me peut faire changer France à l’Inde et au More,
Et le ciel à l’enfer me peut faire changer.
Blason lunaire du coq de sable
-------------------------------
La grandeur qu’à ce coq il advint d’acquérir,
Lui faisant éclipser la gloire paternelle,
Sur son blason lui vaut une lune éternelle,
Comme duc il ira sa fortune quérir.
Et même si la lune en venait à périr,
La noblesse du coq resterait immortelle :
Car ses mérites sont d’une abondance telle
Qu’un astre face à lui ne peut surenchérir.
L’honnête basse-cour où son devoir le lie
Plus grande lui paraît que Rome en Italie ;
Il n’irait point régner sur ces bords étrangers.
La lune et Jupiter, et le soleil encore,
Et Saturne au lointain, que ses anneaux décorent
Sous le pouvoir du coq sont venus se ranger.