Ce ne sont pas ces beaux cheveux dorés,
Ni ce beau front, qui l’honneur même honore,
Ce ne sont pas les deux archets encore
De ces beaux yeux de cent yeux adorés :
Ce ne sont pas les deux brins colorés
De ce coral, ces lèvres que j’adore,
Ce n’est ce teint emprunté de l’Aurore,
Ni autre objet des cœurs énamourés :
Ce ne sont pas ni ces lys, ni ces roses,
Ni ces deux rangs de perles si bien closes,
C’est cet esprit, rare présent des cieux,
Dont la beauté de cent grâces pourvue
Perce mon âme, et mon cœur, et mes yeux
Par les rayons de sa poignante vue.
Œuvres de l’invention de l’auteur, 1552
Commentaire (s)
Déposé par Cochonfucius le 17 février 2021 à 13h20
Obélisque sous la lune
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Mon corps est gris, mon chef n’est plus doré,
La lune bleue de son éclat m’honore ;
Un texte saint sur moi se lit encore,
Parlant aux dieux autrefois adorés.
Moi, j’ai connu leurs temples colorés
Où le Faucon son fier soleil arbore ;
J’ai vu le mur rougissant à l’aurore,
J’ai vu l’ibis au matin picorer.
J’ai vu la Reine allant cueillir des roses,
J’ai vu le scribe alignant de la prose ;
Ce furent là d’autres temps, d’autres cieux.
Ici aussi, de vastes promenades,
Les bâtisseurs ont oeuvré de leur mieux ;
Ça ne vaut pas mon ancienne esplanade.