De ce qu’on ne voit plus qu’une vague campagne
Où tout l’orgueil du monde on a vu quelquefois,
Tu n’en es pas coupable, ô quiconque tu sois
Que le Tigre et le Nil, Gange et Euphrate baigne :
Coupables n’en sont pas l’Afrique ni l’Espagne,
Ni ce peuple qui tient les rivages Anglais,
Ni ce brave soldat qui boit le Rhin Gaulois,
Ni cet autre guerrier, nourrisson d’Allemagne.
Tu en es seule cause, ô civile fureur,
Qui semant par les champs l’Émathienne horreur,
Armas le propre gendre encontre son beau-père :
Afin qu’étant venue à son degré plus haut,
La Romaine grandeur, trop longuement prospère,
Se vît ruer à bas d’un plus horrible saut.
Le barde vagabonde au travers des campagnes.
En tel coin de terrasse il a bu quelquefois ;
Il retourne goûter l’ombre de ces grands bois,
Et, de tout reconnaître, une émotion le gagne.
Tout jeune, il avait là son pays de Cocagne :
Abondance de jeux, monde aux plaisantes lois,
Herbes qui tant plaisaient à nos druides gaulois,
Nuages partant vers la Grande Garabagne.
Il connaît à présent des villes la rumeur,
Leurs temps de frénésie et leurs temps de torpeur,
Leurs chemins encombrés, leurs étranges repères.
Alors, dans la montagne, il marche un peu plus haut :
Il rejoint la paroi d’où surgit la rivière,
Formant une cascade, en un magique saut.