Du Bellay

Les Regrets, 1558



Fuyons, Dilliers, fuyons cette cruelle terre,
Fuyons ce bord avare et ce peuple inhumain,
Que des dieux irrités la vengeresse main
Ne nous accable encor sous un même tonnerre.
 
Mars est désenchaîné, le temple de la guerre
Est ouvert à ce coup, le grand prêtre romain
Veut foudroyer là-bas l’hérétique Germain
Et l’Espagnol marran, ennemis de saint Pierre.
 
On ne voit que soldats, enseignes, gonfanons,
On n’oit que tambourins, trompettes et canons,
On ne voit que chevaux courant parmi la plaine :
 
On n’oit plus raisonner que de sang et de feu,
Maintenant on verra, si jamais on l’a veu,
Comment se sauvera la nacelle romaine.
 

Commentaire (s)
Déposé par Cochonfucius le 22 novembre 2015 à 11h21

Aimable petit monstre
------------------------

Un monstre bien charmant fréquente cette terre,
Que m’importent, à moi, ses dehors inhumains !
Je lui trouve, vraiment, de délicates mains,
Puis, il a, dans l’ensemble, un aspect du tonnerre.

Il n’est pas agressif, n’est pas fauteur de guerre ;
Il a la dignité d’un empereur romain,
Et, peut-être, du pape il est cousin germain ;
Peut-être même, aussi, petit-fils de Saint Pierre.

Il n’arbore plumet, casque ni gonfanon,
Il ne s’annonce point à grands coups de canon ;
Il marche seulement, tout rêveur, dans la plaine.

Il boit un peu de vin qu’il tire d’un grand fût,
Il grignote des fruits, la nuit, sans être vu ;
Ce monstre moutonnier, tout revêtu de laine.

[Lien vers ce commentaire]

Déposé par Cochonfucius le 12 avril 2020 à 12h18

Trajectoire de Piaf-Tonnerre
----------

Je suis un bel oiseau, mais j’ai les pieds sur terre,
Souvent des promeneurs m’ont pris pour un humain ;
Mes ailes ne sont pas moins dextres que des mains,
De la gloire s’attache au nom de Piaf-Tonnerre.

Sans trop être affecté par les rumeurs de guerre,
J’admire notre maître et son profil romain ;
Puis, très peu chaque jour, je vais sur les chemins,
Sans atteindre jamais le joli Pont de Pierre.

Je ne suis point lassé de Burdigala, non,
Mais j’aimerais quand même aller boire un canon ;
Quand reviendra le temps des belles coupes pleines?

La bière est immobile et s’endort dans son fût,
Mes copains de comptoir, point ne les ai revus,
Ni la serveuse blonde, et qui n’est pas vilaine.

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