La jeunesse, Du Val, jadis me fit écrire
De cet aveugle archer qui nous aveugle ainsi :
Puis, fâché de l’Amour, et de sa mère aussi,
Les louanges des rois j’accordai sur ma lyre.
Ores je ne veux plus tels arguments élire,
Ains je veux, comme toi, point d’un plus haut souci,
Chanter de ce grand Roi, dont le grave sourcil
Fait trembler le céleste et l’infernal empire.
Je veux chanter de Dieu. Mais pour bien le chanter,
Il faut d’un avant-jeu ses louanges tenter,
Louant, non la beauté de cette masse ronde,
Mais cette fleur, qui tient encore un plus beau lieu :
Car comme elle est, Du Val, moins parfaite que Dieu,
Aussi l’est-elle plus que le reste du monde.
Plume de Romulus et plume de Rémus
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Jadis Panoramix leur transmit l’art d’écrire,
Ce leur fut un plaisir de s’exprimer ainsi ;
Leur mère,nous dit-on, fut écrivaine aussi,
Car le dieu, son amant, la pourvut d’une lyre.
Orphée pour successeurs aurait pu les élire,
Ces deux seigneurs romains, les maîtres que voici ;
Mais hors du scriptorium, ils ont plus d’un souci,
Ne voulant être deux à gouverner l’Empire.
Remplis de leur discorde, ils cessent de chanter,
Car d’imiter Caïn chacun d’eux fut tenté ;
Depuis ce moment-là fut leur plume inféconde.
Rémus est enterré, je ne sais en quel lieu,
Il est assis, peut-être, à la droite de Dieu,
Ou bien, tel un fantôme, il parcourt l’inframonde.