Ne lira-l’on jamais que ce Dieu rigoureux ?
Jamais ne lira-l’on que cette Idalienne ?
Ne verra-l’on jamais Mars sans la Cyprienne ?
Jamais ne verra-l’on que Ronsard amoureux ?
Retistra-l’on toujours, d’un tour laborieux,
Cette toile, argument d’une si longue peine ?
Reverra-l’on toujours Oreste sur la scène ?
Sera toujours Roland par amour furieux ?
Ton Francus, cependant, a beau hausser les voiles,
Dresser le gouvernail, épier les étoiles,
Pour aller où il dût être ancré désormais :
Il a le vent à gré, il est en équipage,
Il est encor pourtant sur le troyen rivage,
Aussi crois-je, Ronsard, qu’il n’en partit jamais.
Les sorts qu’elle a jetés ne sont pas rigoureux,
Nul paysan ne craint la ronde magicienne ;
On lui vient acheter des philtres à l’ancienne,
Pour être invulnérable ou pour être amoureux.
Elle vous a guéris, bergers jeunes et vieux,
Quand vous alliez la voir avec le coeur en peine,
Vous faisant avaler une potion bien saine ;
Vous retrouviez le souffle et vous vous sentiez mieux.
Mais son savoir, jamais ses mots ne le dévoilent,
Ni son art ancestral d’écouter les étoiles,
Ni le grimoire ancien qui plus ou moins rimait.
Les sorciers ne vont plus, en puissant équipage
Conquérir des trésors sur de lointains rivages
Où veillent les dragons, tranquilles désormais.