Ô Prison douce, où captif je demeure
Non par dédain, force, ou inimitié,
Mais par les yeux de ma douce moitié
Qui m’y tiendra jusqu’à tant que je meure.
Ô l’an heureux, le mois, le jour, et l’heure,
Que mon cœur fut avec elle allié !
Ô l’heureux nœud, par qui j’y fus lié
Bien que souvent je plains, soupire, et pleure !
Tous prisonniers, vous êtes en souci,
Craignant la Loi, et le Juge sévère :
Moi plus heureux, je ne suis pas ainsi.
Mille doux mots, doucement exprimés,
Mil doux baisers, doucement imprimés,
Sont les tourments, où ma foi persévère.