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Seigneur, ne pensez pas d’ouïr chanter ici
Les louanges du Roi, ni la gloire de Guise,
Ni celle que se sont les Châtillons acquise,
Ni ce temple sacré au grand Montmorency.
N’y penser voir encor le sévère sourcil
De Madame Sagesse, ou la brave entreprise
Qui au ciel, aux démons, aux étoiles s’est prise,
La fortune, la mort, et la justice aussi,
De l’or encore moins, de lui je ne suis digne :
Mais bien d’un petit chat j’ai fait un petit hymne,
Lequel je vous envoie : autre présent je n’ai.
Prenez-le donc, Seigneur, et m’excusez, de grâce,
Si pour le bal ayant la musique trop basse,
Je sonne un passe-pied ou quelque branle gai.
Les Regrets, 1558
Commentaire (s)
Déposé par Cochonfucius le 16 août 2017 à 11h54Nef de Nouvelle Aquitaine
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Il faut de fiers vaisseaux pour naviguer ici :
Or, si vous en avez, voguez à votre guise,
Le vent vous appartient, l’onde vous est acquise,
La sirène elle-même est à votre merci.
Au passage, l’ondin va froncer les sourcils ;
Mais il ne pourra rien contre vos entreprises :
Car si de vos bateaux la rivière est éprise,
Les dieux l’assisteront, et les diables aussi.
Vous pourrez vous risquer loin des natales vignes
Pour trouver du poisson au bout de votre ligne,
Sans craindre de sombrer dans un gouffre marin.
Même si, quelquefois, l’ouragan vous menace,
Loin de vous effrayer, vous direz à voix basse :
Neptune à ce navire a servi de parrain. [Lien vers ce commentaire] Déposé par Cochonfucius le 22 mai 2019 à 11h40Fleurs d’épine
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En ce jour printanier, je vois trois fleurs ici :
C’est la fleur du passé qui fleurit à sa guise,
Le temps lui appartient, la vie lui est acquise,
Elle qui des hasards n’est plus à la merci.
La fleur de l’avenir, un genre de souci,
Montre des tons changeants, comme mes entreprises ;
De ce joli printemps, d’autres fleurs sont éprises,
Mais celle-ci est sombre, et son fruit l’est aussi.
Or, la fleur du présent, c’est celle de la vigne
Sur qui j’avais jadis composé quelques lignes,
Elle fait l’agrément de ce petit terrain.
Signes d’une promesse ou bien d’une menace,
Fleurs des trois horizons, je vous parle à voix basse,
Puis à Saturne aussi, votre noble parrain. [Lien vers ce commentaire]
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