Commentaire (s)
Déposé par Cochonfucius le 1er avril 2013 à 10h37
XI bis
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Sous Picrochole, une vaillante armée
À grand fracas progressait sous les cieux,
Qui chevauchait en habits précieux,
Troupe en bon ordre et d’ardeur animée.
Du noble roi la coiffure emplumée
Fait de cet homme un fier rival des dieux ;
Sa voix entonne un chant mélodieux
Montant au ciel ainsi qu’une fumée.
Gargantua cependant fait pleuvoir
Sur ces soldats qui sont en son pouvoir.
Ils sont noyés sous les tonnes d’urine
Qu’à flots déverse une grande jument.
Le roi, qui fut si fort premièrement,
Est vaincu par la pisse chevaline.
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Déposé par Cochonfucius le 19 juillet 2013 à 10h18
IV bis
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Le neveu trépassant élève un cor d’ivoire,
Un ange prend son âme en cet instant fatal.
Il abandonne aux monts ses armes de métal
Et de plusieurs chevaux la sereine mémoire.
Il ne sait si, mourant, il obtint la victoire ;
Il songe aux pleurs de sa promise au corps nymphal
Et trouve que sa mort n’a rien de triomphal.
Mais bon, raisonne-t-il, j’ai fait ça pour la gloire.
L’empereur qui semblait au-dessus des humains
Voit s’écouler ses pleurs et trembloter ses mains ;
Il se sent comme un arbre abattu par la foudre.
Plus sombre est son regard que la face des cieux ;
La montagne se dit qu’un éclair de ses yeux
Frappant les grands rochers, les réduirait en poudre.
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Déposé par Cochonfucius le 10 novembre 2013 à 10h55
III bis
Puis la licorne, en reine déguisée,
Attend le roi dans son grand lit carré.
Son coeur qui bat d’amour démesuré
Conçoit en lui les plus hautes visées.
Sur l’oreiller sa crinière est posée,
Guettant l’entrée du monarque honoré ;
La chambre baigne en ces reflets dorés
Et la fragrance hardiment composée.
Aux quatre coins du lit, des pommes d’or,
Un élément naïf dans le décor
Auquel, lecteur, tu peux bien condescendre.
Le roi, pourtant, n’est point là. Quel tourment,
La longue nuit qu’elle passe à l’attendre ;
Chez la marquise, il soupe, ce gourmand.
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Déposé par Cochonfucius le 11 novembre 2013 à 10h33
XII bis
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Le barde meurt de soif auprès de la fontaine,
Puis il se désaltère aux rayons du soleil ;
De l’eau, de la lumière, il trouve tout pareil,
D’un plaisir inconnu son âme est soudain pleine.
Entre lui et le monde il ne perçoit qu’à peine
Une séparation; entre son sang vermeil
Et ce qu’il vient de boire, entre veille et sommeil,
Entre son propre chant et ceux de la sirène.
De fines gouttes d’eau sur le pot de vin blanc
Forment quelques ruisseaux qui en ornent les flancs,
Transformant en joyau cette humble terre cuite...
Un vent glacial se lève et nous chasse de là.
Ce printemps dans l’automne a perdu son éclat,
Cette étrange douceur a soudain pris la fuite.
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Déposé par Cochonfucius le 8 avril 2014 à 10h33
Installation rustique
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Une étable je vis, en fragments de rocher,
Où des vaches sans nombre, à la lourde mamelle,
Étaient surveillées par des vestales jumelles
Dont le charme conjoint ne put que m’allécher.
Pour elles quelques fleurs je m’en fus donc chercher,
Et me mis à parler sur diverses nouvelles ;
Aucune des deux soeurs ne se montrant cruelle,
Je fus par elles pris comme apprenti vacher.
Jamais plus fier trio ne virent ces montagnes,
Ni le joyeux ruisseau parcourant la campagne,
Ni la colline offrant la tiédeur de son flanc.
Vestales ? Plus vraiment, mais muses étendues
Sur l’herbe pour offrir un verbe caressant
Et goûter des douceurs si longtemps attendues.
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Déposé par Cochonfucius le 8 avril 2014 à 10h35
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Ci-dessus : VI bis.
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Déposé par Cochonfucius le 24 avril 2014 à 11h07
IX bis Murs du temple
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Pour composer cette oeuvrette nocturne,
Je m’introduis au temple fastueux
Où sont venus des esprits monstrueux,
Adorateurs des glyphes de Saturne :
C’est cette nuit que le dieu taciturne
Écrit au mur, d’un doigt majestueux,
Un aphorisme aux effets fructueux ;
Pour voir cela, j’ai délaissé ma turne
Avec ma plume et mon petit carnet.
Il est minuit. Une agitation naît :
Le dieu survient, que nul garde n’escorte,
Trempe l’index dans un grand encrier,
Trace deux mots, sans se faire prier...
Mots très obscurs, en une langue morte.
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Déposé par Cochonfucius le 27 juin 2014 à 10h49
V bis Jardin lointain
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Errant un soir au jardin plutonien,
Je fus charmé de son heureux ombrage :
Si foisonnants en furent les feuillages
Que l’on eût dit d’un bois amazonien,
Ou des vergers dont les Babyloniens
En leurs écrits ont donné témoignage ;
Ou de l’Eden, d’où notre humain lignage
Fut exilé par décret draconien.
Après souper, des joueurs de cithare
Firent sonner, pour un vieux roi barbare,
Un air guerrier sous ces nobles rameaux ;
Ô longue nuit de musique baignée
Et d’une voix de muse accompagnée,
Consacre Eros, et Bacchus, son jumeau !
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Déposé par Cochonfucius le 11 décembre 2016 à 17h57
II bis Forteresse des méduses rouges
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Personne ne va voir ce qu’elles y fabriquent ;
Peut-être, simplement, chacune y tourne en rond.
Comme il vaut mieux ne pas les regarder de front,
Nous ne fréquentons pas leur demeure historique.
Ayant dressé les murs à grand renfort de briques,
Ayant tout entouré d’une fosse sans fond,
Elles hantent la salle aux élégants plafonds
Où le peintre évoqua leurs exploits en Afrique.
Lorsque survient la nuit, chacune d’elles dort
Dans un lit dont les draps sont tissés de fil d’or ;
Dessus, la couverture est de dentelle fine.
Je ne puis évoquer sans quelques tremblements
La vie de tous les jours en ce palais dément ;
Bien meilleure y serait la plume de Racine.
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Déposé par Cochonfucius le 14 novembre 2019 à 11h48
II ter Le navire onirique
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Avez-vous vu passer le navire onirique
Qui danse sur les flots quand le vent tourne en rond ?
Au vieux Poséidon il aime faire front,
La tourmente le met dans une humeur lyrique.
Mais parfois il s’arrête à l’abri d’une crique
Où l’on a seulement quelques mètres de fond ;
Des signes dans le ciel se font et se défont,
Des oiseaux merveilleux se rendent en Afrique.
Au fond de son hamac le capitaine dort,
Le second du vaisseau compte des pièces d’or ;
La falaise est polie comme une ardoise fine.
La sirène contemple avec des tremblements
Les jolis matelots du navire dément ;
Un amour ineffable en son coeur s’enracine.
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Déposé par Cochonfucius le 5 février 2020 à 11h16
VII bis Jeudi de sinople
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C’est un serpent de gueules qui contemple
Boeufs et chevaux au ciel aventurés ;
Il a pour gîte un calice doré,
Chose dont nul autrefois n’eut d’exemple.
Chevaux et boeufs ont un vol assez ample ;
Le vieux serpent, quoique démesuré,
Ne semble pas pouvoir s’en emparer,
Il n’en fera nul sacrifice au temple.
C’est un bouddha de gueules méditant
Sur le retour et la fuite du temps,
Voyant tourner le disque de l’Histoire ;
C’est un bouddha de sinople qui rit
De ce calice où le reptile est pris :
Qu’adviendra-t-il, si le prêtre veut boire ?
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Déposé par Cochonfucius le 5 février 2020 à 11h30
VII ter Sagesse d’un oiseau d’azur
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Ce bel oiseau, qui la lune contemple,
Jusque si loin ne veut s’aventurer ;
Cet astre est mort, n’allons pas l’explorer,
Car de folie ce serait un exemple.
L’oiseau s’élève et son vol est très ample,
Mais dans son corps, rien n’est démesuré ;
Nul oiseleur ne peut s’en emparer,
Nul braconnier, ni nul gardien du temple.
Apprends-moi donc, joli piaf méditant,
À quel loisir je dois passer mon temps,
Moi qui cultive une vie sans histoire.
Ne fais donc rien, dit cet oiseau qui rit,
Prends ton plaisir, c’est toujours ça de pris,
Et n’oublie pas : fais des pauses pour boire.
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Déposé par Cochonfucius le 8 février 2020 à 11h43
IX ter Monstre improbable
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N’ayez pas peur de ce monstre improbable,
Quelquefois, même, il est affectueux ;
Il est modeste, et pas présomptueux,
Il aime lire et raconter des fables.
Une bouteille est souvent sur sa table,
Mais ses boissons n’ont rien de luxueux ;
En son logis n’est rien de fastueux,
On peut le dire ascète véritable.
Darwin en parle en son petit carnet
Dans lequel sont aussi quelques sonnets ;
Il dit «Ce monstre est noble, en quelque sorte».
Juste une plume et juste un encrier
Dans son bureau ; des livres mal triés,
Plus quelques vers qu’un courant d’air emporte.
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Déposé par Cochonfucius le 25 avril 2020 à 12h27
VII quater Tour exoplanétaire
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Un exilé qui trois soleils contemple
Ne sait combien son séjour va durer ;
De son retour il n’est point assuré,
D’un tel salut ne sont guère d’exemples.
Le temps est calme et les loisirs sont amples
À condition de rester emmuré ;
Ses compagnons, il en est séparé,
Avec lesquels il buvait, rue du Temple.
Il reste là, sombrement méditant,
Autour de lui s’est ralenti le temps,
Autour de lui va s’éteindre l’histoire.
Sous le ciel clair ou les nuages gris,
Il songe à tout ce qu’il n’a pas compris,
À ses échecs ainsi qu’à ses déboires.
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Déposé par Jadis le 26 avril 2020 à 10h09
XVI Conclusion
(sur le modèle de I)
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Le ciel est clair, et le soleil radieux.
Bon, ça va mieux, me dis-je, mon bonhomme,
La digestion te fut pesante ; en somme,
Ce songe n’a rien de mystérieux.
Ainsi que le soutenaient mes aïeux,
Il prouve que l’innocent tricholome
Qui bien souvent ravit le gastronome
S’avère aussi parfois pernicieux.
Le choix des mets pour le souper est ample ;
Ce champignon en est le contre-exemple :
Son absorption ne vaut impunité.
Le consommer, par pure inadvertance,
Me fit produire, en ma brève existence,
Bien du fatras et des insanités.
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Déposé par Cochonfucius le 11 juin 2020 à 12h25
IV ter D’un ange et d’un dragon
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Ce dragon survivait sans rechercher la gloire,
Qui d’un ange méchant reçut un coup fatal ;
Il était revêtu d’écailles de métal,
Mais cela ne lui fut qu’une armure illusoire.
L’ange va boire un coup pour fêter sa victoire,
Auprès d’une serveuse au sourire nymphal ;
Ensuite il organise un banquet triomphal
Et veut son nom marqué dans les livres d’histoire.
Loin d’être un chérubin, c’est un ange inhumain,
Toujours la rage au coeur et le glaive à la main ;
Contre un dragon paisible il se sert de la foudre.
Tout ça n’est pas courant chez un ange des cieux ;
Une flamme d’enfer s’allume dans ses yeux,
Tout autour de son corps règne une odeur de poudre.
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Déposé par Cochonfucius le 4 août 2020 à 12h48
XIV bis
Pigeon voyageur
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J’admire sa mémoire et son entendement,
Il calcule sa route ainsi qu’une hirondelle ;
Il dit la stratégie, il porte les nouvelles,
Tu ne le verras point se poser lourdement.
Le pigeon voyageur s’envole au firmament,
Il voit du haut des cieux que la campagne est belle ;
Il ne recherche point une gloire immortelle,
Il ne croit jamais être un héros de roman.
C’est un bon messager, plein de coeur à l’ouvrage,
Un vrai navigateur affrontant les orages ;
Il accomplit sa tâche avec ténacité.
Nous aimons contempler sa personne menue,
Nous écoutons les mots que dit sa voix ténue ;
C’est l’oiseau de Vénus, l’honneur de la cité.
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Déposé par Cochonfucius le 6 septembre 2020 à 13h53
III ter Amphore du barde
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La belle amphore, à peine utilisée,
D’aise a comblé notre barde adoré ;
Ce récipient richement décoré,
Il lui consacre une ode improvisée.
En évidence elle fut disposée,
Son donateur en est fort honoré ;
Le soleil luit sur ses motifs dorés,
L’ombre s’étend sur la face opposée.
Une potion qui rafraîchit le corps
Inspire au barde un merveilleux accord,
Qui du plus haut des cieux semble descendre.
Le noble chef en oublie ses tourments,
Il se délecte en ce qu’il vient d’entendre ;
Il dit au barde « Ici tout est charmant ».
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Déposé par Cochonfucius le 13 janvier 2021 à 13h58
IX quater Dieu lucifuge
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Au bois obscur chante un dieu noctambule,
C’est, paraît-il, un oiseau vertueux ;
Plumage sobre, et non pas somptueux,
Un logement qui semble une cellule.
Ce dieu s’active après le crépuscule,
Gagnant les airs en son vol sinueux ;
Comme chasseur, il est talentueux,
Les proies qu’il prend ne sont pas minuscules.
Aimant citer les auteurs qu’il connaît,
Il est heureux de dire des sonnets
Qu’un peu partout la douce brise emporte.
Il est paisible, il s’abstient de crier
Et de tenir des propos orduriers ;
Cette douceur rend son âme plus forte.
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