Un peu de mer tenait le grand Dulichien
D’Ithaque séparé, l’Apennin porte-nue,
Et les monts de Savoie à la tête chenue
Me tiennent loin de France au bord ausonien.
Fertile est mon séjour, stérile était le sien,
Je ne suis des plus fins, sa finesse est connue :
Les siens gardant son bien attendaient sa venue,
Mais nul en m’attendant ne me garde le mien.
Pallas sa guide était, je vais à l’aventure,
Il fut dur au travail, moi tendre de nature :
À la fin il ancra son navire à son port,
Je ne suis assuré de retourner en France :
Il fit de ses haineux une belle vengeance,
Pour me venger des miens je ne suis assez fort.
Les Regrets, 1558
Commentaire (s)
Déposé par Cochonfucius le 26 juillet 2022 à 14h21
Ailes de sinople
---------
Sages oiseaux de mer, vous ne redoutez rien,
Vous qui suivez du ciel les vastes avenues ;
Avec Poséidon, divinité chenue,
Depuis la nuit des temps vous vous entendez bien.
Vous allez au-devant de la nef qui revient,
Porteuse des trésors d’une terre inconnue ;
Le capitaine entend vos cris de bienvenue,
Il sait qu’il n’est pas loin du lieu qui est le sien.
Vous aimez, vous aussi, partir à l’aventure,
Car le goût du voyage est dans votre nature ;
Comme nous, vous aimez retourner à bon port.
Portez-vous toujours bien, nobles oiseaux de France,
Car votre vol plané porte notre espérance ;
J’aime vous voir aller si vite et sans effort.