Aloysius Bertrand

Gaspard de la nuit, 1842


Les Cinq Doigts de la main


Une honnête famille où il n’y a jamais eu de banqueroute, où personne n’a jamais été pendu.
La Parenté de Jean de Nivelle.

Le pouce est ce gras cabaretier flamand, d’humeur goguenarde et grivoise, qui fume sur sa porte, à l’enseigne de la double bière de mars.

 

L’index est sa femme, virago sèche comme une merluche, qui dès le matin soufflette sa servante dont elle est jalouse, et caresse la bouteille dont elle est amoureuse.

 

Le doigt du milieu est leur fils, compagnon dégrossi à la hache, qui serait soldat s’il n’était brasseur, et qui serait cheval s’il n’était homme.

 

Le doigt de l’anneau est leur fille, leste et agaçante Zerbine qui vend des dentelles aux dames et ne vend pas ses sourires aux cavaliers.

 

Et le doigt de l’oreille est le Benjamin de la famille, marmot pleureur, qui toujours se trimballa à la ceinture de sa mère comme un petit enfant pendu au croc d’une ogresse.

 

Les cinq doigts de la main sont la plus mirobolante giroflée à cinq feuilles qui ait jamais brodé les parterres de la noble cité de Harlem.

 


Commentaire (s)
Déposé par Cochonfucius le 19 juin 2013 à 09h59


Mon pouce a décidé que j’irais en voyage,
Comptant sur mon index pour montrer le chemin.
Le majeur était seul pour porter les bagages ;
L’annulaire lisait le guide Michelin.

Quant à l’auriculaire, à la paresse enclin,
Il se laissait porter dans ce vagabondage
Ainsi que les cinq doigts que j’ai sur l’autre main.
J’étais, on peut le dire, en léger équipage.

La route est rectiligne et baignée de fraîcheur,
D’immenses horizons attirent le marcheur
Qui sait aller au loin sans que rien ne le presse.

Un petit animal, soudain, vint à passer,
Un chat qui demandait à être caressé :
Ici, premier arrêt, un moment de tendresse.

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Déposé par Cochonfucius le 11 février 2022 à 12h25

La main du comte
----------

Les doigts tiennent la plume et la pensée voyage,
D’une étrange utopie parcourant le chemin ;
D’un astre ce seigneur a suivi le sillage,
Il le trace à présent au long d’un parchemin.

En sa jeunesse il fut au nonchaloir enclin,
Se perdant volontiers en des vagabondages ;
Les hommes de son rang ne font rien de leurs mains,
Ils consacrent leur temps à de vains badinages.

« Prends garde à ton salut », lui disait un prêcheur,
Auquel il répondait « Dieu pardonne au pécheur » ;
Cela, ce fut jadis, au temps de sa paresse.

Les muses maintenant le viennent tracasser,
Tu le verras s’asseoir et des lignes tracer ;
Le comte vieillissant retrouve sa noblesse.

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Déposé par Cochonfucius le 2 juin 2022 à 12h11

Nous sommes des feuilles
-------

La feuille au vent mauvais voyage,
Invisibles sont ses chemins ;
Nul ne trouvera ce sillage
Sur un atlas en parchemin.

Tu es un scribe au rêve enclin,
Tu aimes ce vagabondage ;
Tu crois y voir d’un dieu la main,
C’est d’un démon le badinage.

Nu canicule ni fraîcheur,
Ni la parole d’un prêcheur
N’y peuvent rien, toute vie cesse.

La feuille ne fait que passer
Sur des chemins trop mal tracés,
Dès que son arbre la délaisse...

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