Paradis des Albatros / «Ceux qui ont peint Amour sans raison et sans yeux...»

Flaminio de Birague

(1550 ?-ca. 1610)

D’autrеs pоèmеs :

Sus, gаnts, аllеz соuvrir lа mаin gеntillе еt bеllе...

J’аimе si hаutеmеnt quе је n’оsе nоmmеr...

Jе sаis biеn qu’il nе fаut, ô mа dоuсе guеrrièrе !...

Quе mе sеrt dе vеrsеr dеuх ruissеаuх dе mеs уеuх...

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Ρlutôt lеs pâlеs Sœurs mе privеnt dе lumièrе...

Désеspéré, сhétif, du rеpоs dе mа viе...

оu еncоrе :

Μа viе еst un Εnfеr plеin d’еnnuis еt dе pеinеs...

Épitаphе d’un qui mоurut subitеmеnt

Vоus rосhеrs оrguеillеuх, еt vоus fоrêts fidèlеs...

Οdе sur lа mоrt dе Сhristоphе dе Τhоu

Соmplаintе : Quоi ? Vеrrаi-је tоuјоurs mа frаnсhisе аssеrviе...

Ceux qui ont peint Amour sans raison et sans yeux,
Pipeux, moqueur, trompeur, tyran plein d’inconstance,
Cruel, traître, bâtard, qui a pris son essence
De l’Érèbe et la nuit, étaient ingénieux.

Hélas ! et qu’il soit vrai, cet enfant vicieux,
Il nous peint pour raison la force et violence,
Pour la loi l’injustice, au lieu du droit l’offense.
Et pour l’aise et le bien le mal plus soucieux.

Ô folle opinion, ô vaine fantaisie
Qui troubles tous nos sens d’étrange frénésie,
Ô fontaine d’erreur, nous faisons à grand tort

De ta rage inhumaine une déité grande,
Nous faisons de nos cœurs à grand tort une offrande
À celui qui s’en moque, et nous mène à la mort.

Commentaire (s)

Déposé par Cochonfucius le 3 janvier 2014 à 09h44

Méditation frivole
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Reprochons-nous à nos yeux
De produire l’inconstance ?
Coeur volage par essence
En devient ingénieux ;

Est-il vraiment vicieux,
S’il séduit sans violence ?
S’il s’amuse sans offense,
Doit-il être soucieux ?

Si c’est de la fantaisie
Et non de la frénésie,
Bien léger en est le tort ;

La débauche n’est point grande :
Prenez ce coeur dont l’offrande
Adoucira votre sort.

[Lien vers ce commentaire]

Déposé par Christian le 4 janvier 2014 à 09h24

Essai de traduction en français moderne :

Ceux qui nous ont montré l’amour sans yeux,
tyran moqueur, trompeur tout inconstance,
cruel traître, ayant pris son essence
à la nuit de l’Enfer, l’ont peint au mieux !

Oui, rien de plus vrai : ce fourbe enfant-dieu
nous revend pour raison force et violence,
pour loi l’injustice et pour droit l’offense,
et pour confort le mal le plus odieux !

Fantasque, idiote et vaine théorie
troublant nos sens d’étrange frénésie
n’enfantant qu’erreurs, nous mettons à tort

la pulsion inhumaine au rang de grande
divinité, du cœur faisant offrande
à qui s’en moque et le mène à la mort.