Ô Ciel, ô terre, ô mer, conjurés contre moi !
Dessous le cercle rond de la voûte étoilée
Saurait-on voir, hélas ! une âme plus troublée
De peur, de désespoir, de fureur et d’effroi ?
Las ! je suis oppressé de travaux et d’émoi :
J’ai l’âme de regrets et de soucis comblée,
D’un feu prompt et subtil ma poitrine est brûlée,
Mille travaux divers tour à tour je reçois,
Non pour avoir commis quelque crime exécrable,
Ains pour être loyal et aimer constamment
Une jeune beauté divine et admirable.
Si ne fera-t-on pas que d’aimer je délaisse
(En dussè-je mourir très-misérablement)
Ma belle, sage, honnête, et gentille Maîtresse.
Le firmament sans borne est un chemin pour moi
Et ma carte routière est la voûte étoilée ;
Par aucun prédateur mon âme n’est troublée,
Je suis un migrateur, je vole sans effroi.
Mes jours sont lumineux, mes nuits sont sans émoi,
De cent menus trésors ma personne est comblée ;
Dans l’air frais, survolant une terre brûlée,
Immense est la douceur qu’en ce temps je perçois.
Dans les pays du Sud sont des fruits désirables,
Aux vastes oasis, des jardins admirables
Où la Reine enhardie reçoit ses beaux amants.
C’est ainsi que, souvent, l’Europe je délaisse
Pour aller rencontrer cette douce Maîtresse
Qui me fait bon accueil,et me trouve charmant.