Jean Bouchet


Chant royal sur la misère du corps humain


 
Le corps humain par nature produit
Qui est formé de très ville matière
Avant qu’il soit en ce monde introduit
Il est neuf mois en infecte letiere,
Puis il sort hors, sans foi qui soit entière
En gémissant et pleurant tendrement
Et qui pis est sujet à damnement
S’il ne pouvait le saint baptême attendre
Pour le péché d’Adam premier parent.
C’est grand misère à qui le sait entendre.
 
Cet enfançon nourriture poursuit
En attendant la mamelle à sa mère,
De son manger toute douleur ensuit
Car il ne l’a qu’en clameur très amère,
Et du surplus ce n’est qu’une chimère
Qui ne jouit de son entendement
Jusqu’à quinze ans n’a souci proprement
Et toutefois il craint la verge tendre,
Si joie il a deuil a conséquemment.
C’est grand misère à qui le sait entendre.
 
Sur les quinze ans il veut prendre déduit
Et passe-temps en joyeuse manière
Mais l’argent faut qui est le sauf-conduit
Des gaudisseurs, et d’amours la bannière
Par quoi douleur cet horde pautonnière
Navre le cœur de ce foul lourdement
Car il ne peut sans argent bonnement
Avoir la chose à laquelle il veut tendre
Et du courroux il prend finablement.
C’est grand misère à qui le sait entendre.
 
Puis à trente ans commence à faire fruit,
En reculant folle jeunesse arrière.
À quarante ans s’il peut il acquiert bruit
Et bon renom sans demeurer derrière,
En ce faisant trouve mainte barrière
Qui de douleur lui donne abondamment,
L’un lui fait guerre et l’autre du tourment,
Et nuit et jour on lui voit peine prendre
S’il gagne il perd voire soudainement.
C’est grand misère à qui le sait entendre.
 
À soixante ans qu’il est en meurs instruit ;
Vieillesse vient qui santé lui enchère
Décrépitude, après, son corps détruit ;
Aller ne peut et ne vit qu’à renchère,
La mort le prend et son âme tant chère
Se part du corps en deuil piteusement :
Le corps pourrit et l’âme en jugement
Va devant Dieu de ses maux compte rendre.
Pour de bien prendre ou du mal payement
C’est grand misère à qui le sait entendre.
 
Prince pensons que dès l’assemblement
De l’âme au corps jusqu’au définement
Les maux avons plus qu’on ne peut comprendre
Et ne savons qui aura sauvement.
C’est grand misère à qui le sait entendre.
 



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