Louis Bouilhet


À ma belle lectrice


 
Oh ! votre voix sonnait brève, lente ou pressée,
Suivant les passions et les rythmes divers,
Puis, s’échappant soudain légère et cadencée,
Sautait, comme un oiseau, sur les branches du vers !
 
Moi — j’écoutais — perdu dans de lointains concerts,
Ma pauvre poésie à vos lèvres bercée :
Heureux de voir glisser mon âme et ma pensée
Dans votre souffle ardent qui remuait les airs !
 
Et j’oubliai bientôt — pardonnez mon délire —
Paulus et Mélænis, Commodus et l’Empire,
Pour regarder les plis de votre vêtement,
 
Votre front doux et fier, votre prunelle noire,
Songeant que j’étais fou de réveiller l’histoire,
Quand j’avais sous les yeux un poème charmant !
 

                           
Février 1852.

Dernières chansons

Commentaire (s)
Déposé par Cochonfucius le 29 septembre 2014 à 11h27

Voix humaine
-------------

La guirlande qu’avait le rhapsode tressée
Sur quelques impressions du début de l’hiver
Inspira la lectrice à la voix cadencée,
Un jour où chacun lut quelques pages de vers.

Ce jour, nous aurions pu aller tous au concert,
Mais ce fut à l’auberge, une fête bercée
Par de beaux madrigaux, joyaux de la pensée,
Porteurs d’un sens profond, sans trop en avoir l’air.

Sages observations et amusants délires,
Le druide avec César se partageant l’Empire,
Auteurs qui, ce jour-là, s’amusaient, simplement.

Et je me souvenais d’une époque plus noire
Où, la lectrice et moi, vivions quelques déboires,
Sans que l’abandonnât son sourire charmant.

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Déposé par Cochonfucius le 1er décembre 2016 à 18h19

Grenouille ermite
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C’est la grenouille ermite, elle n’est pas pressée ;
Son coeur se ralentit quand approche l’hiver
Et cette pulsation lentement cadencée
Anime au ralenti sa danse en habit vert.

Des autres batraciens le nocturne concert
Dont, depuis bien des ans, son âme fut bercée
Lui inspire, ce soir, de joyeuses pensées ;
C’est alors sa chanson qui s’élève dans l’air.

C’est un refrain discret, ce n’est pas un délire,
Ça parle d’un insecte et non pas d’un empire ;
La grenouile, toujours, s’exprime simplement.

Or, j’aime l’écouter au seuil de la nuit noire :
En ce soir de ma vie qui finit sans déboires,
Peut-être pense-t-elle à son prince charmant.

[Lien vers ce commentaire]

Déposé par Cochonfucius le 2 décembre 2018 à 18h18

Grenouille du Pont de Pierre
-----------------

Récit du bon vieux temps, fable que j’ai tressée
Pour ce vif batracien que menace l’hiver ;
Que ma lyre pour lui soit la mieux cadencée,
L’honorant d’une page ou de quatorze vers.

Souvent, quand j’écoutais son printanier concert,
Mon âme se trouva de doux rêves bercée,
Même la tienne aussi, dame de mes pensées ;
Car la grenouille est noble, et sans en avoir l’air.

Un jardin d’autrefois m’inspire ce délire,
Jardin que je voyais comme un immense empire,
Dont la grenouille, ici, me parle simplement.

Je sais que ce chemin s’en va vers la nuit noire :
C’est la règle du jeu, ce n’est pas un déboire,
Qu’on soit simple mortel, qu’on soit prince charmant.

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Déposé par Cochonfucius le 6 décembre 2019 à 11h39

Grenouille qui fut prince
----------

Cette grenouille songe à sa grandeur passée,
Quand elle fut un prince au pays sans hiver ;
En songe, elle revoit la sorcière offensée
Qui peut changer un homme en petit monstre vert.

Du ruisseau de montagne elle voit les flots clairs ;
L’eau n’avance pas vite, elle n’est pas pressée.
Pour notre batracien perdu dans ses pensées,
Le monde est menaçant, le malheur est dans l’air.

Qui règne en son palais, quel fou, quel triste sire?
Et comment sont traités les manants de l’Empire,
Eux dont, sous son mandat, le destin fut clément?

Puis, les tonneaux de vin, qui donc ira les boire?
Ainsi se tracassait cet amphibien sans gloire
Dont le nouvel aspect fut quand même charmant.

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Déposé par Marceline le 6 décembre 2019 à 17h18

En réponse à  la Grenouille du Pont de Pierre _

Marceline Desbordes-Valmore

L’absence
Quand je me sens mourir du poids de ma pensée,
Quand sur moi tout mon sort assemble sa rigueur,
D’un courage inutile affranchie et lassée,
Je me sauve avec toi dans le fond de mon cœur !
Je ne sais; mais je crois qu’à tes regrets rendue,
Dans ces seuls entretiens tu m’as bien entendue.
Tu ne dis pas: " Ce soir ! " Tu ne dis pas: " Demain !
Non ! mais tu dis : " Toujours ! " en pleurant sur ma main...

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