Un jour le bon Dieu, notre père,
Dit : Nom d’un chien, c’est embêtant !
S’il est un’ chos ! qui m’exaspère
C’est d’ les entendre, à chaque instant,
Crier d’en bas : Dieu vous bénisse !
J’ leur avais donné la réglisse,
Il paraît qu’ ce r’mèd’ ne vaut rien,
Qu’est-c’ que j’ leur ordonn’rais donc bien ?...
          Là d’ssus, du haut du ciel,
          Il dit à Géraudel,
Tu vas prendr’ ton plus grand chaudron
Et m’ fair’ des pastill’s au goudron,
          Puis t’en donn’ras à tous
          Les malad’s qu’a la toux,
          Ce r’mèd’ les guérira
Et bientôt tout l’ mond’ répét’ra :
 
 

Refrain :

              Quand vous touss’rez,
          Quand vous éternuerez,
          Quand vous vous répét’rez :
              Dieu vous bénisse !
              Il n’y a rien d’ tel
          Qu’un’ pastill’ Géraudel,
          Ça guérit mieux que l’ miel
              Ou la réglisse.
 
Alors notre homm’ se mit à l’œuvre
Et fit si bien qu’il réussit
À produire un petit chef-d’œuvre
La pastille utile dulci
Joignant l’agréable à l’utile ;
Les clients arrivèr’nt par mille
Tous les enrhumés suçaient pour
Deux ou trois sous d’ pastill’s par jour.
          Les catarrh’s de Paris
          Fur’nt aussitôt guéris.
Les petits vieux à têt’ de veau
Rigolaient des rhum’s de cerveau.
          N’y avait plus d’enrouements
          Dans les départements.
          Ceux qui n’avaient plus d’ voix
Chantaient au bout d’ deux ou trois mois :
 
Refrain : Quand vous touss’rez, etc.
 
Bref aujourd’hui, par tout’ la France,
La coqu’luche a déménagé,
Les asthmatiqu’s ont l’espérance
De voir la toux donner congé.
Errant, sur la machine ronde,
Le rhum’ chassé par tout le monde
En vain s’en ira jusqu’au bout,
Les pastill’s le suivront partout :
          L’étranger en d’mand’ra,
          On en exportera
Dans chaque trou, dans chaque coin
Et même encore un peu plus loin,
          Du pôl’ Nord au Midi,
          Chez l’ Sultan, chez l’ Mahdi
          Partout on entendra
Jusqu’aux bords du Niagara :
 
Refrain : Quand vous touss’rez, etc.