Francis Carco

Poèmes en proses


Sérénité du Soir

J’aime les siestes au bord du fleuve. Mon passé connut la jouissance d’un somme ivre de paresse et de grave orgueuil poétique. L’ombre des saules, fouillis menu, défend mal du soleil. Sur le dos, je mesure le ciel creux sans nuage. L’eau n’est qu’une croûte d’azur : elle luit, elle est dure, elle est épaisse et difficile. Je me couche sur le ventre et je mâche une queue sucrée d’herbe sauvage. Je pense à un poème que j’écrirai sur la Garonne avec ma volupté sage de dormeur. Puis je me reprends. Tout à l’heure, je vais m’éloigner. Je me vois, debout, regardant le paysage qui s’est levé avec mes yeux.

La ville est à gauche : elle dresse vingt clochers tièdes et des cheminées vers le soleil qui tombe. Une poussière d’or jaillira du fleuve aux rives déchaussées. Les racines sèches ont soif : l’eau s’est rétrécie contre les pierres découvertes car le moulin d’en haut a baissé les vannes pour faire son plein.

Mon ventre chaud contre la terre absorbe la vie. Je me roule et je tombe, la face dans l’herbe fraîche. Une pointe chatouille mes narines heureuses. J’ai les mains blanches, grasses, je me sens libre comme une femme sans corset et je touche mes seins fermes et doux, mes joues bonnes, mes cheveux lourds...

Mais je rentre vers la table du poète qui m’héberge depuis trois jours. Il ne saura rien car ma pâleur et mes yeux troubles seront dans un visage calme et aussi parce que je lui réciterai cette élégie que j’ai commencée pour lui :

 

Ô Virgile, ce son d’églogue t’appartient.

 

La nuit sent l’herbe que j’ai quittée...


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