Ah ! quel regret encore me tourmente
Ai-je perdu le souvenir si doux
Que Jésus-Christ est mon loyal époux,
Et que je suis sa très humble servante ?
Ai-je perdu l’espoir de mon attente,
Et le loyer que Dieu promet à tous ?
Heureux celui qui fléchit les genoux,
Pour requérir sa faveur si constante.
Non : seigneur Dieu, Rédempteur de mon âme,
Tu brûleras par ta divine flamme
Mes vains désirs et folles passions :
Et chasseras hors de ma fantaisie
Les vanités qui la tiennent saisie :
Pour n’aimer rien que tes perfections.
de "Poètes chrétiens du XVIe siècle"
Commentaire (s)
Déposé par Cochonfucius le 29 juillet 2017 à 12h09
Nef à petites pattes
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Cette nef peut affronter les tourmentes,
Mais ses marins préfèrent le temps doux ;
Ces douze gars, douze loyaux époux,
L’ont pour maîtresse, et non pas pour servante.
Le vent, parfois, peut tromper leur attente,
Mais leur humeur n’en souffre pas beaucoup ;
Car dans l’attente, on peut boire un bon coup,
Il s’agit là d’une valeur constante.
À cette nef ils consacrent leur âme,
Au long du jour, sous un soleil de flamme,
Tous ces marins sont autant de passeurs.
Mais où vont-ils ? suivre leur fantaisie ?
Leur intention, je ne l’ai pas saisie,
Cet équipage est fait de rêvasseurs.