Charles Cros

Le Collier de griffes, 1908


Maussaderie


 

                                         
À Albert Tinchant


À notre époque froide, on ne fait plus l’amour.
Loin des bois endormeurs et loin des femmes nues
Les pauvres vont, cherchant ces sommes inconnues
Que cachent les banquiers, inquiets nuit et jour.
 
C’était bien bon l’odeur des pains sortant du four,
C’était bien beau, dans l’ouest, l’éclat doré des nues,
Quand les brumes d’automne étaient déjà venues,
Alors qu’on ramenait les bœufs las du labour !
 
Les aspirations n’étaient pas étouffées,
Et dans la ville heureuse on voyait des trophées,
On entendait sonner la victoire au tambour.
 
On rêvait d’or, d’azur, de fêtes à la cour,
Et du prince Charmant, filleul des belles fées.
À notre époque froide, on ne fait plus l’amour !
 

Commentaire (s)
Déposé par Cochonfucius le 27 septembre 2017 à 23h54

Sagesse d’une coquille
--------------------------

Saint-Jacques, tu écris des poèmes d’amour ;
Tu as le souvenir d’une Aphrodite nue
Que tu fis naviguer par les mers inconnues,
Dans la splendeur des nuits, sur l’écume des jours.

Le corps de la déesse a pu te sembler lourd,
Mais pour elle, aussi bien, tu atteindrais les nues
Ou même l’inframonde aux sombres avenues,
Aux charmes de Vénus ton grand coeur n’est pas sourd.

Puisse ta poésie ne pas être étouffée ;
Tu ne la produis point pour gagner des trophées,
Tu ne l’annonces point en battant le tambour.

Les muses savent bien que tu leur fais la cour,
Et comme, paraît-il, elles sont un peu fées,
Tu gagneras peut-être un corps de troubadour.

[Lien vers ce commentaire]

Déposé par Cochonfucius le 3 octobre 2019 à 12h13

Ermite subtil
---------------

Cet ermite parvient à sublimer l’amour,
Nulle amie devant lui ne doit se mettre nue ;
Il aime cependant draguer une inconnue
À l’ombre des grands bois, dans le déclin du jour.

Son corps est élégant, son esprit n’est pas lourd ;
Son âme quelquefois va planer dans les nues
Au-dessus de la ville aux vastes avenues ;
Aux célestes accents son esprit n’est pas sourd.

Libido en repos, mais sans être étouffée ;
Il n’est donc plus question de gagner des trophées,
Ni d’accomplir non plus d’aventureux parcours.

À la douce vestale il ne fait plus la cour,
Il n’écoutera plus les soupirs de la fée ;
Il est bien apaisé, cet humble troubadour.

[Lien vers ce commentaire]

Déposé par Cochonfucius le 29 novembre 2019 à 10h58

Anachorète forestier
----------------------

Quatre livres  anciens, quelques lettres d’amour,
Ça meuble une cellule autrement presque nue ;
Puis, des mots sur le mur, d’une langue inconnue,
Doucement éclairés par les reflets du jour.

Son profil est banal, son avoir n’est pas lourd,
Aucun admirateur ne l’a porté aux nues ;
Il habita jadis une belle avenue
Qui, droite, traversait la ville aux blanches tours,

Mais son âme en ce lieu se sentit étouffée ;
Il quitta sa maison, comme le fit Orphée,
Pour gagner la forêt par un ombreux parcours.

De son petit domaine il fait parfois le tour,
Sans jamais rencontrer la dryade ou la fée ;
Il peut lui arriver d’entendre un troubadour.

[Lien vers ce commentaire]

Votre commentaire :
Nom : *
eMail : * *
Site Web :
Commentaire * :
pèRE des miséRablEs : *
* Information requise.   * Cette adresse ne sera pas publiée.
 


Mon florilège

(Tоuriste)

(Les textes et les auteurs que vous aurez notés apparaîtront dans cette zone.)

Compte lecteur

Se connecter

Créer un compte

Agora

Évаluations récеntes
☆ ☆ ☆ ☆ ☆

Vеrlаinе : «Βоn сhеvаliеr mаsqué qui сhеvаuсhе еn silеnсе...»

Klingsоr : Εnvоi

Sаint-Ρоl-Rоuх : Gоlgоthа

Βаudеlаirе : Lе Gоût du Νéаnt

Jасоb : Lа Sаltimbаnquе еn wаgоn dе 3е сlаssе

Villаrd : «Quаnd lа lаmpе Саrсеl sur lа tаblе s’аllumе...»

Sсаrrоn : «À l’оmbrе d’un rосhеr, sur lе bоrd d’un ruissеаu...»

Сlаudеl : Βаllаdе

Fоurеst : Lеs Ρоissоns mélоmаnеs

Lеvеу : Jаpоn — Νаgаsаki

Сеndrаrs : Jоurnаl

Jасоb : Villоnеllе

☆ ☆ ☆ ☆

Βаudеlаirе : Lе Gоût du Νéаnt

Vеrlаinе : «J’аi dit à l’еsprit vаin, à l’оstеntаtiоn...»

Jасоb : Fаblе sаns mоrаlité

Sсhwоb : Lе Viеuх dit :

Rаmuz : Lеs Quаtrе-Hеurеs

Τаstu : «Quе dе sеs blоnds аnnеаuх tоn bеаu frоnt sе dégаgе...»

Cоmmеntaires récеnts

De Сосhоnfuсius sur Sоnnеt à Μаdаmе Μ.Ν. : «Quаnd, pаr un јоur dе pluiе, un оisеаu dе pаssаgе...» (Μussеt)

De Vinсеnt sur Τоmbеаu du Ρоètе (Dеubеl)

De Сосhоnfuсius sur «Qui vеut vоir iсi-bаs un Αstrе rеluisаnt...» (Βirаguе)

De Сосhоnfuсius sur «Vоulеz-vоus vоir се trаit qui si rоidе s’élаnсе...» (Spоndе)

De Jаdis sur Τristеssе (Rеnаrd)

De Jаdis sur Lеs Ρеrrоquеts du Jаrdin dеs Ρlаntеs (Соppéе)

De Jаdis sur «Αvес sеs vêtеmеnts оndоуаnts еt nасrés...» (Βаudеlаirе)

De Xi’аn sur «Μоn âmе pаisiblе étаit pаrеillе аutrеfоis...» (Τоulеt)

De Lа Μusеrаntе sur Соntrе Ligurinus : «Τоut lе mоndе tе fuit...» (Dubоs)

De Vinсеnt sur «Un sоir, lе lоng dе l’еаu, еllе mаrсhаit pеnsivе...» (Durаnt dе lа Βеrgеriе)

De Xi’аn sur Lе Суgnе (Rеnаrd)

De Сurаrе- sur «Sаintе Τhérèsе vеut quе lа Ρаuvrеté sоit...» (Vеrlаinе)

De Ρоéliсiеr sur «Αmоurs јumеаuх, d’unе flаmmе јumеllе...» (Ρаssеrаt)

De Βеn sur «Μаrgоt, еn vоus pеignаnt, је vоus pinсе sаns rirе...» (Sigоgnе)

De Lеbrun sur «Jе rêvе, tаnt Ρаris m’еst pаrfоis un еnfеr...» (Соppéе)

De Rоzès sur Lе Сinémа (Siсаud)

De GΟUUΑUX sur «J’étаis à tоi pеut-êtrе аvаnt dе t’аvоir vu...» (Dеsbоrdеs-Vаlmоrе)

De Rоzès sur Répétitiоn (Vаuсаirе)

De Xi’аn sur Sоnnеt : «Νоn, quаnd biеn mêmе unе аmèrе sоuffrаnсе...» (Μussеt)

De Rоzès sur Εsсlаvаgе (Τhаlу)

De Сurаrе- sur Lе Lаit dеs сhаts (Guérin)

Plus de commentaires...

Flux RSS...

Ce site

Présеntаtion

Acсuеil

À prоpos

Cоntact

Signaler une errеur

Un pеtit mоt ?

Sоutien

Fаirе un dоn

Librairiе pоétique en lignе