Charles Cros

Le Coffret de santal, 1873


Révolte


 
Absurde et ridicule à force d’être rose,
À force d’être blanche, à force de cheveux
Blonds, ondés, crêpelés, à force d’avoir bleus
Les yeux, saphirs trop vains de leur métempsycose.
 
Absurde, puisqu’on n’en peut pas parler en prose,
Ridicule, puisqu’on n’en a jamais vu deux,
Sauf, peut-être, dans des keepsakes nuageux...
Dépasser le réel ainsi, c’est de la pose.
 
C’en est même obsédant, puisque le vert des bois
Prend un ton d’émeraude impossible en peinture
S’il sert de fond à ces cheveux contre nature.
 
Et ces blancheurs de peau sont cause quelquefois
Qu’on perdrait tout respect des blancheurs que le rite
Classique admet : les lys, la neige. Ça m’irrite !
 

Commentaire (s)
Déposé par Cochonfucius le 9 juin 2013 à 10h07

Je sortais d’une auberge. Un crocodile rose,
Grommelant des propos tirés par les cheveux,
Me fixait du regard moqueur de ses yeux bleus.
Je me suis demandé si, par métempsycose,

Avait pris cette forme un relecteur de prose
Que m’avait affecté un hebdo de mes deux,
Pour retoucher mes mots prétendus nuageux.
Je lui dis "Va plus loin, croco, tu m’indisposes".

Il se met à parler du cor au fond des bois ;
De la mort de Roland il fait une peinture
Qui a de quoi surprendre et navrer la nature.

Lecteur, sache-le donc. Trop boire, quelquefois
Libère des démons qui, certes, nous irritent ;
Inconvénient mineur à nos bachiques rites.

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Déposé par Cochonfucius le 7 novembre 2018 à 14h21

Ambibovins
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L’ambitaureau est bleu, car l’ambivache est rose ;
Leurs rapports sont un peu tirés par les cheveux,
L’ambitaureau désire une ondine aux yeux bleus
Et qu’en ondin le change une métempsycose.

Il écrit à l’ondine en une rude prose ;
Elle y est peu sensible, et lit un jour sur deux
La pesante missive aux propos nuageux.
L’animal, de cela, jamais ne s’indispose.

Il aimerait sonner du cor au fond des bois ;
Car du comte Roland il a vu la peinture
Dont fut encouragée sa virile nature.

L’ambivache, pourtant, lui parle quelquefois,
Qui de ses fantaisies nullement ne s’irrite,
Elle y voit tout au plus un ridicule rite.

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Déposé par Cochonfucius le 30 juin 2020 à 11h39

Le neveu de Poséidon
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Le neveu de Neptune, il a de beaux yeux bleus,
Il aime une sirène au joli teint de rose ;
Ensemble au fond des eaux ces deux-là se reposent
Et les courants marins caressent leurs cheveux.

La sirène, dit-on, narre sa vie en prose ;
Le neveu n’écrit point, elle le fait pour deux
Puis s’en va méditer sous le ciel nuageux,
Attirant un marin par ses charmantes poses.

Le marin rentre au port, amoureux d’elle ; il boit.
De la charmante ondine il fait une peinture
Qui nous dévoile un peu sa troublante nature.

Avec lui, le neveu s’abreuve, quelquefois,
Il plaisante à loisir et mange quelques frites :
Tous deux sont apaisés en pratiquant ce rite.

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Déposé par Cochonfucius le 30 juin 2020 à 12h06

Actinoptérygien de sinople
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Ce poisson n’est pas rouge, il n’est pas non plus rose,
Il est d’un joli vert, sauf s’il est amoureux ;
Car quand ça lui arrive, il devient plutôt bleu,
Je n’ai jamais compris quelle en était la cause.

Il n’écrit pas de vers, mais pas non plus de prose,
Sa plume ne saurait choisir entre les deux ;
Il énonce parfois des propos hasardeux,
Mais c’est très anodin, nul ne s’en indispose.

Il aime l’eau de mer,et d’ailleurs, il en boit,
Un jour il prit du vin, ce fut une aventure,
Ce n’était pas vraiment conforme à sa nature.

Souvent, sur une épave, il prélève du bois
Pour orner le logis dans lequel il s’abrite,
Mais par aucun auteur n’est sa maison décrite.

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