La porte du jardin donne sur la ruelle
Et c’est là qu’un beau soir elle est apparue, elle
De qui l’amour est clair, comme l’aube et l’azur.
Elle m’attend. Le chat s’étire sur le mur.
Elle m’attend. C’est le village après le steppe.
Son sourire est léger comme une aile de guêpe.
Elle m’attend sous la tonnelle de roseaux.
Mon cœur est une cage où chantent mille oiseaux.
Elle m’attend, elle regarde la pendule.
J’arriverai dans la tiédeur du crépuscule,
Et quand je la verrai me tendre les deux mains,
Les roses de juillet pleuvront sur les chemins.
Petits poèmes, 1910
Commentaire (s)
Déposé par Jadis le 15 octobre 2019 à 10h17
Un soir d’automne, ayant assuré mes bretelles,
J’avais, par le moyen d’une opportune échelle,
De la rogue caserne escaladé le mur,
Anticipant déjà des délices futurs :
C’est que ma bien-aimée m’avait promis des crêpes.
Pourtant je m’arrêtai à contempler la nèpe (1)
Fendre lascivement la surface des eaux
Sur l’étang vespéral, lento amoroso...
Et tandis que glissait l’insecte minuscule
Dans le couchant lançant ses rouges tentacules,
S’effeuillaient, alanguis, la rose et le jasmin,
Comme dans un quatrain dolent d’Albert Samain.
N.B. Bon d’accord, "délice" est généralement féminin au pluriel, mais comme "steppe" serait plutôt féminin aussi, même au singulier, je ne vais pas me gêner.