Constant Dubos

Les Épigrammes de Martial traduites en vers français, 1841


Contre Ligurinus


   
Occurrit tibi nemo quod libenter,
Quod, quacumque venis, fuga est et ingens
Circa te, Ligurine, solitudo,
Quid sit, scire cupis? Nimis poeta es.
Hoc valde vitium periculosum est.
Non tigris catulis citata raptis,
Non dipsas medio perusta sole,
Nec sic scorpios inprobus timetur.
Nam tantos, rogo, quis ferat labores?
Et stanti legis et legis sedenti,
Currenti legis et legis cacanti.
In thermas fugio: sonas ad aurem.
Piscinam peto: non licet natare.
Ad cenam propero: tenes euntem.
Ad cenam venio: fugas sedentem.
Lassus dormio: suscitas iacentem.
Vis, quantum facias mali, videre?
Vir iustus, probus, innocens timeris.
MARTIAL, III, 44.


Tout le monde te fuit ; à la table, aux concerts,
À peine tu parais, chacun bat en retraite ;
Tous les salons pour toi deviennent des déserts ;
Veux-tu savoir pourquoi ? tu sens trop le poète ;
On peut pardonner tout, excepté ce travers.
Veuve de ses petits, la tigresse effrénée,
Le serpent dévoré par les feux du soleil,
De l’affreux scorpion la queue empoisonnée,
D’horreur ne font pas naître un sentiment pareil.
Assis, debout, courant, à la ville, en voyage,
Aux bains chauds, aux bains froids, toujours tu me poursuis ;
Aux lieux les plus secrets vainement je te fuis,
Pour arriver à moi tu forces le passage.
On m’attend à dîner, tu barres le chemin.
          À table si j’ai pris ma place,
          Ton importunité m’en chasse ;
          Et si, de guerre lasse, enfin,
          Il arrive que je sommeille,
          Ta voix en sursaut me réveille
    Pour expirer sous ton livre assassin.
Veux-tu savoir quel est l’effet de ta manie ?
          On rend justice à ta bonté,
          Peut-être même à ton génie ;
          Homme d’honneur, de probité,
    Tu n’es pourtant qu’un fléau redouté,
Qui vivras exilé de toute compagnie,
    Et qui mourras sans être regretté.
 

Commentaire (s)
Déposé par Cochonfucius le 3 juin 2016 à 15h17

Ange océanique
-----------------

Le bruit des ouragans lui semble un doux concert ;
La barque abandonnée, une aimable retraite.
Cet ange va planant sur l’océan désert
Et songe tout le jour, ainsi qu’un vieux poète.

Certains jours, il est ivre, et son vol est pareil
Aux soubresauts que fait la bourrasque effrénée
S’abattant sur les flots, par un jour sans soleil,
Comme s’il chevauchait la trombe déchaînée ;

Mais l’ivresse, jamais, n’interrompt son voyage,
Contre vents et marées, son trajet se poursuit.
Vers quel Eldorado cherche-t-il un passage ?
Vers aucun, semble-t-il : c’est le Réel qu’il fuit.

[Lien vers ce commentaire]

Déposé par Christiant Prigent le 4 juin 2016 à 23h05

in DCL épigrammes
  -----------------

Pas un qui te coure après ;
Partout on te fuit : complet
Vide autour de toi. Pourquoi ?
C’est que tu nous prends la tête
À faire à fond le poète.
On craint moins la lionne à qui
On a volé ses petits,
L’aspic au soleil lové,
Le scorpion au dard dressé.
Avec toi c’est encor pis :
Quand je suis debout, tu lis ;
Tu lis quand je suis assis ;
Je cours ? tu lis ! Je chie , oui,
Aussi ! Si je file aux bains,
Ta voix au bord du bassin
Déclame. Allons déjeuner ?
Non ! des trucs à réciter
D’apéro jusqu’au dessert !
Au lit : « Écoute ces vers » !
Bilan : un type épatant,
Mais poète envahissant.

[Lien vers ce commentaire]

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