Alphonse Esquiros

Les Hirondelles, 1834


Les Hirondelles


 
Le peuple des oiseaux, comme celui des hommes,
              A des penchants divers ;
Les uns quittent aussi le pays où nous sommes
              En fuyant les hivers ;
 
D’autres dans les sillons d’une mer orageuse
              Aiment à se croiser ;
Et le nocher pliant sa toile aventureuse
              Voit leur ombre passer.
 
Quand la faux a tondu la blonde chevelure
              De nos champs moissonnés,
Plusieurs glanent l’épi qui doit sous la ramure
              Nourrir leurs nouveau-nés.
 
L’un cherche le grand jour, l’autre fuit la lumière
              Et veut l’obscurité ;
L’un au palais des rois, l’autre sous la chaumière
              Prend l’hospitalité.
 
Mais dans ce lieu d’exil, pour compagne fidèle,
              Parmi tous les oiseaux,
Mon cœur par sympathie a choisi l’hirondelle
              Qui vole sur les eaux.
 
Comme elle nous passons, comme elle, dans ce monde,
              Cherchons des cieux meilleurs.
Et nous allons tous deux, rasant la mer profonde,
              Nous reposer ailleurs !

Tu cherches le printemps, hirondelle légère,
              Et l’homme le bonheur ;
Tu dois l’aller trouver sur la rive étrangère,
              Et lui dans le Seigneur.
 

Commentaire (s)
Déposé par Rigault le 24 septembre 2025 à 17h03

Alphonse Esquiros :
Je n’ose plus aimer : Tous ceux que dans la vie,
Comme un souffle brûlant, mon amour a touchés,
Ont senti se flétrir leur jeunesse ravie,
Et pareils à la fleur qu’un soleil a ternie,
Sur leur tombeau se sont penchés.

J’ai tenu trois enfants sur les fonts du baptême ;
Entre les doigts sacrés l’onde pure et le sel,
Sur ces fronts adorés dont le lis est l’emblème,
Firent couler la grâce et la vertu suprême :
Hé bien, tous les trois sont au ciel !

Mon cœur, tout palpitant d’un amoureux délire,
Sous un regard de femme une fois a frémi ;
Puis la mort est venue, étendant son empire,
Arrêter un baiser, et glacer un sourire
Sur sa bouche ouverte à demi.

J’aimais un jeune enfant : Mon âme était la sienne,
Et ses yeux bleus riaient dessous ses blonds cheveux.
Mais tandis que sa main, sans que rien la retienne,
S’étendait doucement, pour s’unir à la mienne,
La mort se mit entre nous deux.

Un ange, un front modeste, une sœur empressée,
Du plaisir fugitif cueillait avec orgueil,
Au matin de ses jours, la fleur sitôt passée,
Quand la mort, la prenant avec sa main glacée,
La fit tomber dans le cercueil.

Une aïeule berça mon enfance première,
Mais à peine mon cœur commençait à l’aimer,
Que son front a pâli sous le lin mortuaire,
Et que sur le bois neuf de sa funèbre bière
J’ai vu la terre se fermer.

Ma cousine était belle en sa couche branlante ;
Ses yeux levés au ciel n’avaient vu qu’un hiver,
Lorsque sous un baiser d’une lèvre brûlante
J’ai vu sécher soudain, sur sa tige tremblante,
Ce bouton à peine entrouvert.

Et je suis resté seul ; mais leur ombre chérie
Dans le calme du soir m’apparaît sans remords ;
Je vais souvent prier sur une herbe fleurie :
L’enclos du cimetière est déjà ma patrie,
Et ma fête est celle des Morts.
Les hirondelles 1834

[Lien vers ce commentaire]

Votre commentaire :
Nom : *
eMail : * *
Site Web :
Commentaire * :
pèRE des miséRablEs : *
* Information requise.   * Cette adresse ne sera pas publiée.
 


Agora

Évаluations récеntes
☆ ☆ ☆ ☆ ☆

Vеrlаinе : Rеtоur dе Νаplеs

Соrbièrе : À mоn сhiеn Ρоpе

Jаmmеs : Ρrièrе pоur аimеr lа dоulеur

Fоurеst : Εn pаssаnt sur lе quаi...

Βаnvillе : Lаpins

Сrоs : Sоnnеt : «Jе sаis fаirе dеs vеrs pеrpétuеls. Lеs hоmmеs...»

Jаmmеs : Si tu pоuvаis

Vеrlаinе : Éсrit еn 1875

Rоllinаt : Lа Vасhе blаnсhе

Соrbièrе : Ρаrаdе

☆ ☆ ☆ ☆

Klingsоr : Lеs Νоisеttеs

Dеrèmе : «À quоi bоn tе сhеrсhеr, glоirе, viеillе étiquеttе !...»

Gаutiеr : Ρоrtаil

Ginеstе : Vеrs ехtrаits d’un pоëmе d’аmоur

Lаfоrguе : Νосturnе

Lаttаignаnt : Αdiеuх аu Μоndе

Vеrlаinе : Sоnnеt pоur lа Kеrmеssе du 20 јuin 1895 (Саеn)

Vеrlаinе : Épilоguе

Τаilhаdе : Quаrtiеr lаtin

Vеrlаinе : Dédiсасе

Cоmmеntaires récеnts

De Сосhоnfuсius sur «L’étоilе dе Vénus si brillаntе еt si bеllе...» (Μаllеvillе)

De Jаdis sur Саusеriе (Βаudеlаirе)

De Сосhоnfuсius sur Lа Vасhе blаnсhе (Rоllinаt)

De Сосhоnfuсius sur «Соurtisаns, qui trаînеz vоs јоurs déshоnоrés...» (Vаlléе dеs Βаrrеаuх)

De Βеаudеlаirе sur Βаudеlаirе

De Lе Gаrdiеn sur Virgilе (Βrizеuх)

De Jаdis sur Сrépusсulе (Соppéе)

De Jаdis sur Αu lесtеur (Μussеt)

De Rigаult sur Lеs Hirоndеllеs (Εsquirоs)

De Rigаult sur Αgénоr Αltаrосhе

De Jоël Gауrаud sur Αvе, dеа ; Μоriturus tе sаlutаt (Hugо)

De Huguеs Dеlоrmе sur Sоnnеt d’Αrt Vеrt (Gоudеzki)

De Un pоilu sur «Μоn âmе а sоn sесrеt, mа viе а sоn mуstèrе...» (Αrvеrs)

De Lе соmiquе sur Μаdrigаl tristе (Βаudеlаirе)

De Сhаntесlеr sur «Sur mеs vingt аns, pur d’оffеnsе еt dе viсе...» (Rоnsаrd)

De Gеоrgеs sur À lа mémоirе dе Zulmа (Соrbièrе)

De Guillеmеttе. sur «Lе bеаu Ρrintеmps n’а pоint tаnt dе fеuillаgеs vеrts...» (Lа Сеppèdе)

De Guillаumе sur Αbаndоnnéе (Lоrrаin)

De Lа Μusérаntе sur Hоmmаgе : «Lе silеnсе déјà funèbrе d’unе mоirе...» (Μаllаrmé)

De Сurаrе- sur Αdiеuх à lа pоésiе (Gаutiеr)

De Сurаrе- sur «J’еntrеvоуаis sоus un vêtеmеnt nоir...» (Μаgnу)

Plus de commentaires...

Flux RSS...

Ce site

Présеntаtion

Acсuеil

À prоpos

Cоntact

Signaler une errеur

Un pеtit mоt ?

Sоutien

Fаirе un dоn

Librairiе pоétique en lignе

 



Photo d'après : Hans Stieglitz