Ce jeune homme appartenait à une famille pauvre,
C’était un jeune homme pauvre, comme dit Octave Feuillet ;
Mais il était toujours richement habillé,
Et portait des caleçons mauves ;
 
Bien que son père fût un simple colleur d’affiches,
Et sa mère blanchisseuse, peut-être, dans la banlieue,
Cela ne l’empêchait pas de jouer à des jeux
De hasard, et au whist à vingt sous la fiche ;
 
Il ne fumait que des cigares de la Havane,
Ce que nous appellerions des cigares de luxe :
Il les prenait dans un étui de cuir russe,
Négligemment, pour en offrir à des tziganes ;
 
Ses doigts étaient entièrement couverts de bagues,
Il en avait, pour le moins, trente-quatre ;
Et, si je vous dépeignais ses épingles de cravate,
Certainement vous croiriez que je blague ;
 
Il aurait pu vivre ainsi longtemps, exempt de blâme,
Et peut-être épouser la fille d’un prince, —
Quand on le surprit une nuit égorgeant une vieille dame,
Pour s’emparer d’une somme de onze francs quatre-vingt-cinq ;
 
(Sans doute ne supposait-il pas la somme aussi mince.)