Georges Fourest


Épitre falote et balnéaire


 

À Joseph Savary, dilettante bourguignon.
   
Eau bienfaisante !
Puissant secours
Qui nous exempte
De maux si lourds.
A. Pommier.


Savary, joyeux compagnon
Africain, Gascon, Bourguignon
Qui vis joyeux loin des Quarante
Au pays de ces nobles ducs
Qu’en ses bouquins un peu... caducs
Célébra Môssieur de Barante
 
Bourguignon mais fils de Paris
Prince du rire et des houris
Contemnant le singe et le pître
Mon bon vieux, il me plaît, ce soir,
De t’envoyer, sans plus surseoir,
Une ode habillée en épître !...
 
Donc, chaque jour plus avachi
Je me trimbale dans Vichy
Où des Messieurs jaunes d’ictère
Aux dames de même couleur
Exposent les phases de leur
Goutte (civile ou militaire !)
 
De Guérêt, de Poulocondor,
Du Brésil où vit le condor,
Ducs, fabricants de margarines,
Cabotins, bourgeois saugrenus,
Comme une trombe, ils sont venus
Faire analyser leur urines.
 
Il en vient de Costarica,
Des bords du lac Titicaca,
De Pontoise et de Pampelune
Et de Bucharest et de Brest
Et je veux n’être plus Fourest
S’il n’en tombe aussi de la Lune !
 
Barons juifs entasseurs d’écus,
Épiciers chauves et cocus
Et généraux de Bolivie
Ostentent d’un air convaincu
Leur bedaine et leur trou du cul
Aux doucheurs dont l’âme est ravie.
 
Les uns, dolents du pancréas
Rimeraient à Jean Moréas
D’autres (Larbaud leur soit propice) !
Ayant du sucre en leur pipi
Semblent moins des pommes d’api
Que des morceaux de pain d’épice.
 
Le soir, au casino, des tas
De Mercadets et de rastas
Ouvrent la banque ou l’on trébuche
Rubis aux doigts, gilet trop neuf,
Ils savent l’art d’abattre Neuf
En donnant au ponte une bûche !
 
Cependant que des avocats
Croassant comme des choucas
Mènent au concert leurs femelles
Dont le... bas-fond saigne encor du
Terrible effort d’avoir pondu
Quinze mômes affreux comme elles !
 
Or ce que peut œuvrer, parmi
Tous ces Pécuchets, ton ami
Dis-moi, vieux frangin, que t’en semble ?
Sinon rêver aux jours (lointains
Hélas !) où les doux Philistins
Dans Paris nous verront ensemble ?
 
Ah ! ces beaux jours quand luiront-ils
Où, tenant des propos subtils,
Aux bourgeois taillant des croupières,
Nous jetterons au nez d’Homais
Nos rimes d’or sans que jamais
S’appesantissent nos paupières !
 
Car il sied ne parler qu’en vers :
Comme un digne bourgeois d’Anvers
Soigne une tulipe et l’arrose,
Nobles jardiniers, cultivons
La fleur mystique et réservons
Aux maraîchers la vile prose ?
 
Des vers ! des vers ! et c’est pourquoi
Si tu veux qu’on te laisse coi
Siroter près d’une crédence
Ton vieux Beaune sache qu’il faut,
Sans rémission ni défaut
Épistoler et d’abondance !...
 
Et puis, t’ayant serré la main,
Je vais ronfler jusqu’à demain :
Le ciel, en son omnipotence,
Nous inspirant maint beau sonnet
Toujours nous préserve d’Ohnet,
De la grippe et de la potence !
 

La Négresse blonde, 1909

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