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...Quelque bonne fée Urgèle,
Promettant palais et trésor
Au filleul mis sous sa tutelle,
Pour te promener t’aurait-elle
Ravi sur son nuage d’or ?
JOSEPH DELORME.
Si quelque jeune fée à l’aile de saphir,
Sous une sombre et fraîche arcade,
Blanche comme un reflet de la perle d’Ophir,
Surgissait à mes yeux, au doux bruit du zéphyr,
De l’écume de la cascade,
Me disant : « Que veux-tu ? larges coffres pleins d’or,
Palais immenses, pierreries ?
Parle ; mon art est grand. Te faut-il plus encor ?
Je te le donnerai ; je puis faire un trésor
D’un vil monceau d’herbes flétries ! »
Je lui dirais : « Je veux un ciel riant et pur
Réfléchi par un lac limpide,
Je veux un beau soleil qui luise dans l’azur,
Sans que jamais brouillard, vapeur, nuage obscur
Ne voile son orbe splendide ;
« Et pour bondir sous moi je veux un cheval blanc,
Enfant léger de l’Arabie,
À la crinière longue, à l’œil étincelant,
Et, comme l’hippogriffe, en une heure volant
De la Norvège à la Nubie ;
« Je veux un kiosque rouge, aux minarets dorés,
Aux minces colonnes d’albâtre,
Aux fantasques arceaux d’œufs pendant décorés,
Aux murs de mosaïque, aux vitraux colorés
Par où se glisse un jour bleuâtre ;
« Et quand il fera chaud, je veux un bois mouvant
De sycomores et d’yeuses,
Qui me suive partout au souffle d’un doux vent,
Comme un grand éventail sans cesse soulevant
Ses masses de feuilles soyeuses.
« Je veux une tartane avec ses matelots,
Ses cordages, ses blanches voiles
Et son corset de cuivre où se brisent les flots,
Qui me berce le long de verdoyants îlots
Aux molles lueurs des étoiles.
« Je veux, soir et matin, m’éveiller, m’endormir
Au son de voix italiennes,
Et pendant tout le jour entendre au loin frémir
Le murmure plaintif des eaux du Bendemir,
Ou des harpes éoliennes ;
« Et je veux, les seins nus, une Almée agitant
Son écharpe de cachemire
Au-dessus de son front de rubis éclatant,
Des spahis, un harem, comme un riche sultan
Ou de Bagdad ou de Palmyre.
« Je veux un sabre turc, un poignard indien
Dont le manche de saphirs brille ;
Mais surtout je voudrais un cœur fait pour le mien,
Qui le sentît, l’aimât, et qui le comprît bien,
Un cœur naïf de jeune fille ! »
Commentaire (s)
Déposé par Cochonfucius le 22 janvier 2013 à 15h38Un vieux maître se tient au bord d’un grand cours d’eau,
Disant : «Ecoutez voir, j’en ai une bien bonne :
Toute chose qui passe est pareille à ce flot.»
Cette dure leçon que le vieux maître donne
N’est pas inattendue, et ne surprend personne.
Il n’est refuge aucun, dans le ciel, pour l’oiseau,
Et l’univers n’est pas une horloge qui sonne.
Mais pour un arrivant, comme il paraît nouveau !
Un enfant découvrant son premier champ de neige,
Puis, tout ce qui effraie, et tout ce qui protège,
Et le vent qui s’amuse à coiffer ses cheveux...
De ces cent mille instants que l’on ne sait décrire,
Tenter l’évocation, vous la donner à lire :
C’est, comme humble vieillard, tout le bien que je veux. [Lien vers ce commentaire] Déposé par Cochonfucius le 21 novembre 2018 à 20h10Au fil de la Garonne
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Quand je retourne auprès de ce cours d’eau
Que tu connais sous le nom de Garonne,
Mon coeur dérive en aval de ce flot
Majestueux, que le calme environne.
Ce fleuve aimé de Neptune en personne,
Aux vifs remous, au capricieux niveau,
Semble écouter les carillons qui sonnent
Lorsque débute ici le jour nouveau.
De la montagne il a connu la neige,
La vigne aussi, que Dionysos protège,
Et le grand vent que parfois j’ai cru voir.
Ma plume est faible en cet art de décrire :
Ce chant vivra si tu aimes le lire,
Car sur ce point, je suis en ton pouvoir. [Lien vers ce commentaire]
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