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Les Trophées, 1893


Nessus


 
Du temps que je vivais à mes frères pareil
Et comme eux ignorant d’un sort meilleur ou pire,
Les monts Thessaliens étaient mon vague empire
Et leurs torrents glacés lavaient mon poil vermeil.
 
Tel j’ai grandi, beau, libre, heureux, sous le soleil ;
Seule, éparse dans l’air que ma narine aspire,
La chaleureuse odeur des cavales d’Épire
Inquiétait parfois ma course ou mon sommeil.
 
Mais depuis que j’ai vu l’Épouse triomphale
Sourire entre les bras de l’Archer de Stymphale,
Le désir me harcèle et hérisse mes crins ;
 
Car un Dieu, maudit soit le nom dont il se nomme !
A mêlé dans le sang enfiévré de mes reins
Au rut de l’étalon l’amour qui dompte l’homme.
 

Commentaire (s)
Déposé par Cochonfucius le 21 mai 2015 à 13h18

Quadrupède irradiant
----------------------

Un petit mammifère, à nul autre pareil,
Vit près de l’Océan du Meilleur et du Pire ;
C’est ce qu’ont raconté des marins de l’Empire
En buvant de longs traits d’un breuvage vermeil.

Cet animal, captant l’énergie du soleil,
Se met à rayonner, comme fait un lampyre,
Et même aussi, la nuit, quand la lune l’inspire,
Il peut illuminer des arbres le sommeil.

Une onde se propage ainsi qu’une rafale,
Balayant les entours de son corps bicéphale ;
Chacun de ses voisins le respecte et le craint.

On le dit cependant inoffensif pour l’homme,
Débordant de tendresse aussitôt qu’on le nomme ;
Or, dans ces instants-là, son éclat se restreint.

[Lien vers ce commentaire]

Déposé par Cochonfucius le 17 mai 2017 à 12h58

Ambiporc d’azur
------------------

Le grand Buffon, jamais, ne décrit son pareil ;
Capable du meilleur et capable du pire,
L’ambiporc se prélasse aux confins de l’Empire
En lisant des extraits du Livre de Vermeil.

Cet animal bleuit sous l’effet du soleil ;
Lorsque la nuit est noire, il mange des lampyres,
Et compose un sonnet quand la lune l’inspire,
Il chante des chansons quand il n’a pas sommeil.

Il ne craint pas le vent qui survient en rafales :
Sans le moindre manteau sur son corps bicéphale,
Il affronte, joyeux, la brise et les embruns.

Mais c’est un porc ermite, il se tient loin des hommes,
Car il se dissimule aussitôt qu’on le nomme ;
Ce que je dis de lui vient d’un savoir restreint.

[Lien vers ce commentaire]

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