Heredia

Les Trophées, 1893


Sphinx


 
Au flanc du Cithéron, sous la ronce enfoui,
Le roc s’ouvre, repaire où resplendit au centre
Par l’éclat des yeux d’or, de la gorge et du ventre,
La Vierge aux ailes d’aigle et dont nul n’a joui.
 
Et l’Homme s’arrêta sur le seuil, ébloui.
— Quelle est l’ombre qui rend plus sombre encor mon antre ?
— L’Amour. — Es-tu le Dieu ? — Je suis le Héros. — Entre ;
Mais tu cherches la mort. L’oses-tu braver ? — Oui.
 
Bellérophon dompta la Chimère farouche.
— N’approche pas. — Ma lèvre a fait frémir ta bouche...
— Viens donc ! Entre mes bras tes os vont se briser ;
 
Mes ongles dans ta chair... — Qu’importe le supplice,
Si j’ai conquis la gloire et ravi le baiser ?
— Tu triomphes en vain, car tu meurs. — Ô délice !...
 

Commentaire (s)
Déposé par Cochonfucius le 28 mars 2014 à 11h01

Le sphinx et le charpentier
---------------------------------

Le fils du charpentier se retire au désert.
En quelques jours de marche, il en atteint le centre
Sans s’accorder de pause et sans charger son ventre.
Un vautour trace haut son cercle dans les airs.

Au bas d’une falaise, un passage entrouvert :
De vieux textes ont dit qu’il débouche sur l’antre
Du sphinx, en précisant : « Surtout, que nul n’y entre
Car l’occupant des lieux est franchement pervers. »

Le fils du charpentier, à cet être farouche,
S’est permis d’apporter des provisions de bouche :
Il a rompu le pain face au monstre écumant.

« Crois-tu qu’un tel présent t’épargne le supplice ?
As-tu, pour te défendre, un quelconque instrument ? »
« Ne t’en fais pas pour moi, cousin, j’ai mon calice. »

[Lien vers ce commentaire]

Déposé par Cochonfucius le 19 juillet 2020 à 12h45

Antisphinx d’azur
-------------------

C’est l’antisphinx d’azur, un monstre qui m’inspire.
Il transforme en sonnets ce que nous lui disons,
Il répond au courrier, il garde la maison,
Il accueille en son coeur le meilleur et le pire.

Il fut divinisé dans les anciens empires,
Mais cette adoration lui parut un poison ;
Il lui a préféré la tendre floraison
Des jardins où, jadis, les muses s’assoupirent.

Il n’est pas alarmiste, il n’est pas tourmenté,
Cet animal jamais ne va se lamenter :
Il sait que toute vie inflige des blessures

Et que, bien durement, on en souffre parfois,
Mais il peut, quant à lui, porter ces meurtrissures
Sans même avoir l’idée de s’en mordre les doigts.

[Lien vers ce commentaire]

Déposé par Cochonfucius le 19 juillet 2020 à 13h33

Triptère acéphale
-----------

Il cogite sans tête et sans bouche il soupire,
Son esprit suit sa loi, son coeur a ses raisons;
Il n’a point de famille, il n’a point de maison,
Et répète souvent «Ça pourrait être pire».

Il n’a jamais été serviteur de l’Empire,
Car un bureau pour lui serait une prison;
Jamais il n’a connu la vie de garnison,
Toujours, en un tel cas, ses pareils déguerpirent.

Aucun obscur démon ne le vient tourmenter,
Sa muse nullement ne va se lamenter;
Son âme toujours suit la voie dont elle est sûre.

Les livres sur sa table, il les relit parfois,
Puis il écrit aussi, sans craindre la censure,
Il doit un jour périr, mais nul ne sait de quoi.

[Lien vers ce commentaire]

Votre commentaire :
Nom : *
eMail : * *
Site Web :
Commentaire * :
pèRE des miséRablEs : *
* Information requise.   * Cette adresse ne sera pas publiée.
 


Mon florilège

(Tоuriste)

(Les textes et les auteurs que vous aurez notés apparaîtront dans cette zone.)

Compte lecteur

Se connecter

Créer un compte

Agora

Évаluations récеntes
☆ ☆ ☆ ☆ ☆

Сrоs : Ιnsоumissiоn

Νоаillеs : L’Εmprеintе

Viviеn : Viоlеttеs blаnсhеs

Du Βеllау : «Si mеs éсrits, Rоnsаrd, sоnt sеmés dе tоn lоs...»

Βаudеlаirе : Sоnnеt d’Αutоmnе

Jаmmеs : Jе pеnsе à vоus...

Lесоntе dе Lislе : «Lе divin Βоuviеr dеs mоnts dе Ρhrуgiе...»

Gаutiеr : Lе Соin du fеu

Lаfоrguе : Соmplаintе dе lа Lunе еn prоvinсе

Соppéе : «Αfin dе lоuеr miеuх vоs сhаrmеs еndоrmеurs...»

☆ ☆ ☆ ☆

Hugо : «Hеurеuх l’hоmmе, оссupé dе l’étеrnеl dеstin...»

Сhаpmаn : Αu fоnd du bоis

Viаu : «Hеurеuх, tаndis qu’il еst vivаnt...»

Νоuvеаu : Fillе dе fеrmе

Rilkе : «Сhеmins qui nе mènеnt nullе pаrt...»

Αpоllinаirе : Сlаir dе lunе

Jаmmеs : Lеs Dimаnсhеs

Jаmmеs : Αvес lеs pistоlеts

Dеsbоrdеs-Vаlmоrе : Lоin du mоndе

Rimbаud : Jеunе ménаgе

Cоmmеntaires récеnts

De Сосhоnfuсius sur «Hаrdi, ј’еntrеprеndrаi dе tе rеndrе étеrnеllе...» (Αubigné)

De Сосhоnfuсius sur Lе Vаl hаrmоniеuх (Hеrоld)

De Сосhоnfuсius sur «Si tu nе sаis, Μоrеl, се quе је fаis iсi...» (Du Βеllау)

De Jаdis sur Sоnnеt d’Αutоmnе (Βаudеlаirе)

De Jаdis sur Αu fоnd du bоis (Сhаpmаn)

De Сhristiаn sur «J’еntrаis сhеz lе mаrсhаnd dе mеublеs, еt là, tristе...» (Νоuvеаu)

De Jаdis sur «Βоnnе аnnéе à tоutеs lеs сhоsеs...» (Gérаrd)

De Сurаrе- sur Rесuеillеmеnt (Βаudеlаirе)

De Сurаrе- sur «Сеpеndаnt qu’аu pаlаis dе prосès tu dеvisеs...» (Du Βеllау)

De Сurаrе_ sur Sоnnеt : «Quаnd је rеpоsеrаi dаns lа fоssе, trаnquillе...» (Gоudеаu)

De Сurаrе_ sur Lе Τоmbеаu dе Сhаrlеs Βаudеlаirе (Μаllаrmé)

De Vinсеnt sur Τоmbеаu du Ρоètе (Dеubеl)

De Xi’аn sur «Μоn âmе pаisiblе étаit pаrеillе аutrеfоis...» (Τоulеt)

De Lа Μusеrаntе sur Соntrе Ligurinus : «Τоut lе mоndе tе fuit...» (Dubоs)

De Vinсеnt sur «Un sоir, lе lоng dе l’еаu, еllе mаrсhаit pеnsivе...» (Durаnt dе lа Βеrgеriе)

De Xi’аn sur Lе Суgnе (Rеnаrd)

De Сurаrе- sur «Sаintе Τhérèsе vеut quе lа Ρаuvrеté sоit...» (Vеrlаinе)

De Ρоéliсiеr sur «Αmоurs јumеаuх, d’unе flаmmе јumеllе...» (Ρаssеrаt)

De Lеbrun sur «Jе rêvе, tаnt Ρаris m’еst pаrfоis un еnfеr...» (Соppéе)

De Rоzès sur Lе Сinémа (Siсаud)

De GΟUUΑUX sur «J’étаis à tоi pеut-êtrе аvаnt dе t’аvоir vu...» (Dеsbоrdеs-Vаlmоrе)

Plus de commentaires...

Flux RSS...

Ce site

Présеntаtion

Acсuеil

À prоpos

Cоntact

Signaler une errеur

Un pеtit mоt ?

Sоutien

Fаirе un dоn

Librairiе pоétique en lignе