Hugo

Les Voix intérieures, 1837



 
À quoi je songe ? — Hélas ! loin du toit où vous êtes,
Enfants, je songe à vous ! à vous, mes jeunes têtes,
Espoir de mon été déjà penchant et mûr,
Rameaux dont, tous les ans, l’ombre croît sur mon mur,
Douces âmes à peine au jour épanouies,
Des rayons de votre aube encor tout éblouies !
Je songe aux deux petits qui pleurent en riant,
Et qui font gazouiller sur le seuil verdoyant,
Comme deux jeunes fleurs qui se heurtent entre elles,
Leurs jeux charmants mêlés de charmantes querelles !
Et puis, père inquiet, je rêve aux deux aînés
Qui s’avancent déjà de plus de flot baignés,
Laissant pencher parfois leur tête encor naïve,
L’un déjà curieux, l’autre déjà pensive !
 
Seul et triste au milieu des chants des matelots,
Le soir, sous la falaise, à cette heure où les flots,
S’ouvrant et se fermant comme autant de narines,
Mêlent au vent des cieux mille haleines marines,
Où l’on entend dans l’air d’ineffables échos
Qui viennent de la terre ou qui viennent des eaux,
Ainsi je songe ! — à vous, enfants, maison, famille,
À la table qui rit, au foyer qui pétille,
À tous les soins pieux que répandent sur vous
Votre mère si tendre et votre aïeul si doux !
Et tandis qu’à mes pieds s’étend, couvert de voiles,
Le limpide océan, ce miroir des étoiles,
Tandis que les nochers laissent errer leurs yeux
De l’infini des mers à l’infini des cieux,
Moi, rêvant à vous seuls, je contemple et je sonde
L’amour que j’ai pour vous dans mon âme profonde,
Amour doux et puissant qui toujours m’est resté.
Et cette grande mer est petite à côté !
 

15 juillet 1837. — Fécamp. — Écrit au bord de la mer.

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