Hugo

L’Année terrible, 1872


La Mère qui défend son petit


 
Au milieu des forêts, asiles des chouettes,
Où chuchotent tout bas les feuilles inquiètes
Dans les halliers, que semble emplir un noir dessein,
Pour le doux nouveau-né qui frissonne à son sein,
Pour le tragique enfant qu’elle emporte effarée,
Dès qu’elle voit la nuit croître, sombre marée,
Dès que les loups obscurs poussent leurs longs abois,
Oh ! le sauvage amour de la femme des bois !
 
Tel est Paris. La ville où l’Europe se mêle,
Avec le droit, la gloire et l’art, triple mamelle,
Allaite cet enfant céleste, l’Avenir.
On entend les chevaux de l’aurore hennir
Autour de ce berceau sublime. Elle, la mère
De la réalité qui commence en chimère,
La nourrice du songe auguste des penseurs,
La ville dont Athène et Rome sont les sœurs,
Dans le printemps qui rit, sous le ciel qui rougeoie,
Elle est l’amour, elle est la vie, elle est la joie ;
L’air est pur, le jour luit, le firmament est bleu ;
Elle berce en chantant le puissant petit dieu ;
Quelle fête ! elle montre aux hommes, fière, gaie,
Ce rêve qui sera le monde et qui bégaie,
Ce tremblant embryon du nouveau genre humain,
Ce géant, nain encor, qui s’appelle Demain,
Et pour qui le sillon des temps futurs se creuse ;
Sur son front calme et tendre et sur sa bouche heureuse
Et dans son œil serein qui ne croit pas au mal,
Elle a ce radieux sourire, l’idéal ;
On sent qu’elle est la ville où l’espérance habite ;
Elle aime, elle bénit ; mais si, noirceur subite,
L’éclipse vient, et donne aux peuples le frisson,
Si quelque vague monstre erre sur l’horizon,
Si tout ce qui serpente, écume, rampe et louche,
Vient menacer l’enfant divin, elle est farouche ;
Alors elle se dresse, alors elle a des cris
Terribles, et devient le furieux Paris ;
Elle gronde et rugit, sinistrement vivante,
Et celle qui charmait l’univers, l’épouvante.
 

Commentaire (s)
Votre commentaire :
Nom : *
eMail : * *
Site Web :
Commentaire * :
pèRE des miséRablEs : *
* Information requise.   * Cette adresse ne sera pas publiée.
 


Mon florilège

(Tоuriste)

(Les textes et les auteurs que vous aurez notés apparaîtront dans cette zone.)

Compte lecteur

Se connecter

Créer un compte

Agora

Évаluations récеntes
☆ ☆ ☆ ☆ ☆

Rоussеаu : Lе Rоssignоl еt lа Grеnоuillе

Ρérin : Αubе

Αpоllinаirе : Lе Drоmаdаirе

Соignаrd : «Οbsсurе nuit, lаissе tоn nоir mаntеаu...»

Lаfоrguе : Βоufféе dе printеmps

Τоulеt : «Si vivrе еst un dеvоir...»

Ρéguу : Ρrésеntаtiоn dе lа Βеаuсе à Νоtrе-Dаmе dе Сhаrtrеs

☆ ☆ ☆ ☆

Rоussеаu : Lе Rоssignоl еt lа Grеnоuillе

Vеrlаinе : L’Αubеrgе

Vеrlаinе : À Hоrаtiо

Соrnеillе : Sоnnеt : «Dеuх sоnnеts pаrtаgеnt lа villе...»

Fоurеst : Sаrdinеs à l’huilе

Sullу Ρrudhоmmе : Lеs Сhаînеs

Ρоnсhоn : Lе Gigоt

Cоmmеntaires récеnts

De Сосhоnfuсius sur «Un сlаirvоуаnt fаuсоn еn vоlаnt pаr rivièrе...» (Αubigné)

De Сосhоnfuсius sur «Αfin qu’à tоut јаmаis dе sièсlе еn sièсlе vivе...» (Rоnsаrd)

De Сосhоnfuсius sur Ρоlуphèmе еn furiе (Τristаn L'Hеrmitе)

De Ιоhаnnеs sur Ρrièrе dе соnfidеnсе (Ρéguу)

De Сurаrе- sur Lеs Fеuillеs mоrtеs (Gоurmоnt)

De Lilith sur Vеrlаinе

De Μоntеrrоsо sur Lа Μоuсhе (Αpоllinаirе)

De Jаdis sur Саrоlо Quintо impеrаntе (Hеrеdiа)

De Сurаrе- sur Sоnnеt : «Un livrе n’аurаit pаs suffi...» (Ρrivаt d'Αnglеmоnt)

De Τrуphоn Τоurnеsоl sur À unе mуstériеusе (Rоllinаt)

De Сurаrе- sur L’Αngе (Lоuÿs)

De Αlbаtrосе sur «Dоuсе plаgе оù nаquit mоn âmе...» (Τоulеt)

De Gеf sur À Μ. Α. Τ. : «Αinsi, mоn сhеr аmi, vоus аllеz dоnс pаrtir !...» (Μussеt)

De Gеf sur Villеs : «Се sоnt dеs villеs !...» (Rimbаud)

De Jаdis sur Τаblеаu (Сrоs)

De Βibоsаurе sur À Αlf. Τ. : «Qu’il еst dоuх d’êtrе аu mоndе, еt quеl biеn quе lа viе !...» (Μussеt)

De Βоurg sur «Lоngtеmps si ј’аi dеmеuré sеul...» (Τоulеt)

De Jаdis sur Épigrаmmе d’аmоur sur sоn nоm (Αubеspinе)

De Ιsis Μusе sur Lа grоssе dаmе сhаntе... (Ρеllеrin)

De Dаmе dе flаmmе sur Сhаnsоn dе lа mélаnсоliе (Fоrt)

Plus de commentaires...

Flux RSS...

Ce site

Présеntаtion

Acсuеil

À prоpos

Cоntact

Signaler une errеur

Un pеtit mоt ?

Sоutien

Fаirе un dоn

Librairiе pоétique en lignе